Le déconfinement a permis d’accélérer de manière phénoménale la pratique du vélo dans la métropole de Lyon. L’engin à deux roues profite de la peur de prendre les transports en commun et l’envie de devenir plus écologique chez la population. Pour répondre à la demande, la Ville a lancé à toute vitesse l’aménagement de pistes cyclables temporaires.
En quelques semaines de déconfinement, le trafic du vélo dans la métropole de Lyon a fortement augmenté, alors que l’activité économique n’a pas totalement repris. « Nos stocks de vélos fondent de jour en jour, mais nous avons eu raison de maintenir nos commandes durant le confinement, d’autres magasins vont devoir attendre septembre », confie la boutique Cyclable à Oullins. Dans certains magasins, il devient même difficile de trouver les pièces et accessoires.
Ce retour en force du vélo s’effectue dans un contexte marqué par la défiance contre les transports en commun, perçus comme des lieux de contamination. Le vélo en révanche représente un geste barrière supplémentaire. Il permet de se déplacer librement, tout en gardant ses distances avec les autres. De plus, il aide à maintenir la santé. Outre l’argument sanitaire, l’engin à deux roues jouit d’une assimilation systématique à l’écologie en cette période de mobilisation mondiale contre le réchauffement climatique. Enfin, le vélo est synonyme de reprise de contrôle de ses finances. Il est donc la meilleure opportunité pour réduire ses fractures sociales.
« La crise sanitaire a provoqué un déclic »
Dans le but d’accélérer l’adoption de ce moyen de locomotion, la Métropole de Lyon a mis en place une subvention de 500 euros pour l’achat d’un vélo à assistance électrique, cargo ou pliant. Cette aide viendra en complément d’une prime mobilité durable de 400 euros versée par les entreprises. Plusieurs associations comme la Ville à Vélo, qui œuvre depuis 26 ans pour la promotion et de lobbying du vélo, contribue également à l’essor des deux roues. Mais, pour pratiquer le vélo en ville, il faut bien les infrastructures qui vont avec.
Dans ce cadre, la Métropole de Lyon a lancé des aménagements spéciaux en urgence. Elle a déjà créé une trentaine de kilomètres de nouvelles voies dédiées aux vélos depuis un mois et annonce au total 77 km pour la rentrée scolaire, afin de compléter ses 1.000 km de réseau cyclable. « La crise a provoqué un déclic : on a par exemple pu appliquer en urgence rue Duquesne (Lyon 6e) des changements bénéfiques aux vélos qui étaient évoqués depuis des années », confie David Kimelfeld, actuel président de la métropole de Lyon. Celle-ci estime un trafic à 300.000 vélos par jour la semaine passée, contre 200.000 avant la pandémie de Covid-19.
La tendance devrait se poursuite après les élections
Si le vélo progresse bien pendant le déconfinement, le défi sera maintenant de voir ce regain dépasser le créneau estival. « Je ne suis pas dogmatique sur la question de la place des vélos et on ne s’interdit rien, indique David Kimelfeld, opposé à Bruno Bernard (EELV) et François-Noël Buffet (LR) au second tour des élections métropolitaines. Il faudra observer et s’adapter à la nouvelle donne à la rentrée. ». Sauf surprise, cette tendance devrait continuer après les élections, qu’il s’agisse d’une majorité verte ou non à la Métropole de Lyon.