L’exposition aux pesticides représente un danger, pourtant peu évoqué, pour les espèces florales.
Les fleurs, dont l’offrande représente un langage universel de l’émotion, peuvent changer la donne pour la personne qui les reçoit. Que ce soit dans des circonstances joyeuses ou au contraire peu égayées. Mais ce geste pourrait également tout aussi bien être porteur d’une tragédie.
Laure Marivain, jeune femme ex-fleuriste dans les Pays de la Loire, l’a appris à ses dépens avec le décès en mars 2022 de sa fille Emmy, alors âgée de 11 ans seulement dès suite d’une leucémie. Un cancer diagnostiqué alors qu’elle n’avait que quatre ans, provoquant la sidération générale.
À l’origine de cette situation peu commune, « le lien de causalité entre la pathologie [d’Emmy] et son exposition aux pesticides durant la période prénatale », d’après le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), mis en place depuis 2020.
Un premier acte de reconnaissance par cette structure. Une initiative au goût amer pour Mme Marivain, qui a très vite vite fait lié ce drame à ses anciennes activités de fleuristes (2004 à 2008) et de représentante en fleurs (2008-2011).
Une réalité méconnue, voire ignorée
« Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là », pointe aujourd’hui la mère d’Emmy, dans les colonnes du journal du Monde, désormais armée d’un bâton de pèlerin. Elle est en effet décidée à sensibiliser la filière des fleuristes sur les dangers liés à leur profession.
Comme en témoigne un récent reportage réalisé par Le Parisien au marché d’Aalsmeer aux Pays-Bas, le plus grand centre dédié à la transaction des fleurs dans le monde, les professionnels se font passer des bouquets de main à main sans la moindre protection préalable.
Pas de combinaisons encore moins de gants, comme le préconise Jacky Bonnemain, fondateur de l’association écologiste Robin des bois, interrogé par Le Parisien. Pour cause, la mise au jour des substances souvent toxiques contenues dans ces parures végétales souvent importées d’Afrique (Kenya, Éthiopie) vers l’Europe.
Une profession en danger
« Elles subissent non seulement des pulvérisations de pesticides et de fongicides interdits dans l’UE, mais sont aussi biberonnées avec des agents de conservations suspects », cingle Jacky Bonnemain alors que la bibliothèque scientifique foisonne sur le sujet.
« Nous avons fait analyser douze bouquets achetés ici aux Pays-Bas et ils contenaient 71 pesticides différents, dont 39 % n’étaient pas autorisés en Europe. Parmi les vingt-huit substances interdites, certaines le sont depuis plus de vingt ans », abonde Margriet Mantingh, présidente de l’association néerlandaise Pesticide Action Network (Pan).
Une situation potentiellement dévastatrice pour toute la chaîne impliquée. Des conséquences pouvant aller des dysfonctionnements de la glande thyroïde à une diminution de la spermatogenèse, sans oublier les avortements spontanés, les malformations congénitales pour les enfants ou encore les risques de cancers.