Le projet expérimental financé par la Ville de Paris afin de faciliter le concept du « manger sain » au sein de la population, suscite un grand engouement sur place.
Il n’est jamais trop tard pour apprendre à manger sainement. C’est ce qu’à découvert découvre Pili, 57 ans, qui dit avoir « quasiment arrêté les sodas », grâce à un programme à titre expérimental en cours depuis novembre dans des centres sociaux des XVIIIe et XIXe arrondissements de Paris.
Financé par la Ville de Paris à hauteur de 29 500 euros et mené en partenariat avec le bailleur social Paris Habitat, il vise notamment à rendre les légumes bio et locaux accessibles aux habitants des localités concernées, de sorte à leur ouvrir les yeux sur l’existence d’une autre façon de s’alimenter.
Une façon qui préserve sa santé, des habitudes alimentaires consistant à se gaver de gras ou de sucre à chaque repas. Car, comme l’indique Emmanuelle Mouy, fondatrice et directrice de l’association « Toques en stock » à l’origine de cette initiative baptisée « Toc Toques Panier », « plus on est précaire, moins on végétalise son assiette ».
Des résultats déjà probants
« Parce que c’est plus cher, mais aussi parce qu’on ne connaît pas forcément les légumes du pays quand on vient d’ailleurs », poursuit-elle dans les colonnes du Parisien.
Pour Phili citée plus haut, la révélation est venue lors d’une séance pédagogique sur le sucre. « Ils nous ont montré combien il y a de morceaux de sucre dans un verre. Je savais que c’était très sucré, mais pas à ce point! », confie cette photographe freelance.
Cette prise de conscience a déclenché chez elle une transformation profonde, l’amenant à inclure fruits et salades dans on régime alimentaire quotidien. « J‘ai arrêté le sel raffiné, je rajoute des graines dans ma vinaigrette« , ajoute l’habitante de la porte Montmartre.
L’originalité du projet tient en partie au parcours atypique de ses animatrices, à l’instar d’Emmanuelle Mouy, qui a troqué sa blouse d’infirmière contre un tablier après trente années dans le social.
Quand les soignants changent d’approche
« J’en ai eu marre de voir des patients mourir jeunes de pathologies évitables comme l’obésité, le diabète ou des maladies cardio-vasculaires« , explique-t-elle au Parisien. Charlotte Milliot, qui anime les ateliers, cumule quant à elle les expertises de naturopathe, cuisinière et ancienne infirmière.
Ce passage du soin à la prévention s’avère particulièrement pertinent dans ces quartiers de Paris où les inégalités sociales commencent dans l’assiette. Dans le cadre de sa mission, « Toc Toques Panier » combine la distribution de paniers de légumes bio et locaux vendus à prix libre avec des ateliers pratiques où les habitants apprennent à les cuisiner.
De quoi créer du lien social, comme en témoigne Phili, alors que les six séances programmées dans le XVIIIe arrondissement s’achèvent, et que seulement quelques-unes sont encore prévues dans le XIXe.
« Ce serait tellement dommage que ça s’arrête…« , affirme Fatima, en attendant la décision sur une éventuelle prolongation, d’ici l’été, à en croire la mairie de Paris.