Quand la malbouffe rapporte des milliards

Une récente étude révèle à quel point les produits ultra-transformés, véritables dangers pour la santé de millions de consommateurs, sont devenus une manne lucrative pour le secteur agroalimentaire.

Dans une série de travaux parus, mardi 18 novembre, dans la revue médicale The Lancet et soutenus par l’Unicef ainsi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 43 experts internationaux tirent la sonnette d’alarme sur l’explosion de la consommation d’aliments ultra-transformés.

Du maïs industriel à bas coût jusqu’au sirop de blé saturé d’additifs, ces produits envahissent supermarchés et cuisines. Leur expansion a des conséquences sanitaires majeures, dont l’obésité, le diabète de type 2, les pathologies cardiovasculaires, la dépression et, dans certains cas extrêmes, les décès prématurés.

Le plus pernicieux concerne leur forte capacité à créer de la dépendance chez les consommateurs. Ainsi, dans des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore l’Australie, plus de la moitié de l’apport calorique quotidien provient désormais d’aliments ultra-transformés.

Conséquence : les industriels du secteur agroalimentaire voient leur profit décupler. D’après la série d’articles, plus de la moitié des 2 900 milliards de dollars versés aux actionnaires des grandes entreprises agroalimentaires entre 1962 et 2021 proviennent de fabricants d’aliments ultra-transformés.

Des profits colossaux pour une poignée de multinationales

Parmi les principaux bénéficiaires figurent Nestlé, PepsiCo, Unilever et Coca-Cola entre autres, certains ayant « doubler ou tripler » leur marge au cours de cette période. Pour maintenir leur influence, ces entreprises suivent une stratégie bien rodée, un manuel opératoire que l’on a déjà observé dans l’industrie du tabac.

Surnommée le « Big Tobacco », cette méthode repose sur un marketing agressif ciblant les enfants, un flot continu de publicités dans les médias, et le recours à des influenceurs chargés de banaliser la consommation de ces produits au quotidien.

L’industrie finance également des études qui minimisent les risques. C’est ainsi que le doute scientifique est fabriqué artificiellement, et que la réglementation est retardée indéfiniment.

Une riposte politique encore timide

Face à ces accusations, l’industrie alimentaire se défend en affirmant qu’il n’existe « aucun consensus scientifique » sur les aliments ultra-transformés. Mais les analyses publiées par The Lancet sont sans équivoque : il n’est plus temps d’attendre des preuves absolues, l’action doit être immédiate.

Fort heureusement, plusieurs pays expérimentent des mesures de régulation : allant des taxes sur les sodas, à l’interdiction de certaines graisses trans, sans oublier les limitations des colorants et additifs à risque, ou encore les restrictions publicitaires visant les enfants.

Parallèlement, des chercheurs plaident pour élargir les étiquetages de mise en garde à des marqueurs comme les arômes artificiels, les colorants ou les édulcorants intenses. De quoi couvrir un large éventail d’aliments ultra-transformés.

Au-delà des politiques nationales, les auteurs de l’étude appellent à une mobilisation mondiale regroupant gouvernements, agences onusiennes, scientifiques, universités et citoyens, avec la priorité de protéger les enfants.

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