Alors que l’Organisation mondiale de la santé vient d’émettre de nouvelles recommandations pour une saine consommation, plongée au cœur de la consommation de ce cristal à la fois indispensable et dangereux pour la santé, à la table des Français.
Pour avoir une idée de la quantité de sel consommée en France, il faut remonter à 2017 quand l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait communiqué sur la question.
Son étude baptisée Inca 3 (pour Étude Individuelle Nationale des Consommations Alimentaires), évoquant 9 grammes de sel par jour en moyenne pour les hommes et 7 grammes pour les femmes. Des données bien lointaines donc, qu’il faudrait actualiser.
Ce ne sera malheureusement pas le cas avant quelques années. Et pour cause, le ministère de la Santé indique au Parisien que l’enquête Albane censée remplacer l’étude Inca devrait seulement démarrer en été.
Les valeurs disponibles dépassent en tout cas largement les 5 grammes quotidiens recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et même les objectifs plus modestes du Programme national nutrition santé (8 g/jour pour les hommes et 6,5 g/jour pour les femmes).
Une consommation persistante et insidieuse
Des experts, à l’instar de l’ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille Jean-Michel Lecerf, estiment d’ailleurs auprès du Parisien qu’il est « évident que l’on n’est pas encore tombé à 5 g/jour » en France.
D’autant que le sel se cache partout, souvent à notre insu. Pain, charcuterie, fromages, plats préparés… un repas typique peut rapidement faire dépasser les limites recommandées.
« Quand vous avalez une pizza de 400 g avec du fromage, du chorizo, des anchois et des olives, vous avez quatre aliments très salés sans vous en rendre compte« , explique Jean-Michel Lecerf, en référence au caractère insidieux de ce minéral.
Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm et auteur du livre « Le Sel, un tueur caché« , n’hésite pas à qualifier la situation de « problème de santé majeur ». De fait, les rayons des supermarchés regorgent encore de produits dont une seule portion peut contenir plus que la dose journalière recommandée, comme a pu le constater Le Parisien.
Des conséquences très graves
Et pourtant, les campagnes de sensibilisation n’ont pas manqué ces dernières années. Selon l’Observatoire de l’alimentation, environ 80% des baguettes et pains complets respectent déjà l’objectif fixé en 2022 de réduire d’environ 10% leurs teneurs en sel, cette année.
Car les conséquences de l’excès peuvent s’avérer fatales, notamment le système cardiovasculaire. Elles vont de l’hypertension artérielle, aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), en passant par l’infarctus du myocarde…
Autant de pathologies qui représentent la deuxième cause de mortalité en France, avec plus de 140 000 décès en 2022. À l’échelle mondiale, le New England Journal of Medicine estime à environ 1,65 million le nombre de décès par an attribuables à une consommation excessive de sel.