La Commission européenne met en cause le système français de contrôle des eaux en bouteille, décrivant une situation problématique pour la santé du public.
Selon les résultats d’un audit publié mercredi 24 juillet 2024, le contrôle des eaux en bouteille n’est pas au niveau. Les principales critiques formulées mettent le doigt sur des dysfonctionnements majeurs favorisant la mise sur le marché de produits frauduleux et non conformes.
Il s’agit notamment d’inspections trop peu nombreuses et pas toujours convenablement ciblées sur les différents sites, le défaut de collaboration entre les administrations impliquées, de même que l’absence de suivi immédiat après constatation des manquements.
Soit autant d’insuffisances préjudiciables aux procédures de contrôle des eaux minérales naturelles et des eaux de source. Celles-ci résonnent particulièrement à la lumière des récents scandales ayant éclaboussé de grands noms industriels tels que Nestlé.
Des révélations accablantes
La multinationale suisse voit en effet sa filiale Nestlé Waters, spécialisée dans les eaux en bouteille, accabler par diverses plaintes judiciaires sur le territoire français. Le premier concerne l’utilisation de traitements de purification illégaux, dont la lampe UV ou encore le charbon actif.
Un acte reconnu en janvier dernier par la société qui plaide la volonté de maintenir la « sécurité alimentaire » de ses eaux dans le département français des Vosges. À cela s’ajoute une autre procédure concernant l’exploitation de forages non autorisés sur plus de deux décennies.
À en croire le site d’information Médiapart à l’origine de cette enquête, le volume d’eau impliqué pourrait dépasser 19 milliards de litres. Ces enquêtes en cours feront sans doute la lumière sur les responsabilités. Mais force est de constater que la santé publique a été insuffisamment défendue.
Indignation générale
Pour l’ONG de défense des consommateurs Foodwatch, le rapport de la Commission européenne représente « un sérieux avertissement pour toutes les autorités compétentes dans chaque État membre ».
« Il illustre comment l’insuffisance des contrôles favorise un climat d’impunité au sein de certaines multinationales qui commercialisent des produits frauduleux pendant des années en Europe et dans le monde sans être inquiétées« , ponctue l’organisation européenne à l’origine d’une plainte au pénal afin d’interroger également la responsabilité de l’État.
Foodwatch demande par ailleurs « un électrochoc politique pour redonner confiance aux consommateurs et consommatrices ». La santé de millions de Français qui, chaque jour, consomment une eau en bouteille est en jeu. Leur quiétude ne saurait être entachée par quelque complaisance envers des multinationales.