La France ferme la page des néonicotinoïdes dans les semences de betterave

La Cour de justice de l’Union européenne met fin à l’exemption dont bénéficiaient certains membres, dont Paris depuis deux ans, dans le cadre de la réglementation sur l’utilisation de ces pesticides sources de polémiques.

Clap de fin pour l’usage des néonicotinoïdes dans les cultures agricoles en France. Cette classe de pesticides utilisés notamment pour protéger la betterave des insectes nuisibles est désormais définitivement interdite au sein de l’Union européenne (UE).

Cela signifie que l’exemption dont profitaient certains États, malgré le bannissement de ce produit, n’a plus cours légal, selon une décision de la Cour de justice de l’UE annoncée le jeudi 19 janvier dernier.

La France, un des bénéficiaires de cette mesure depuis 2020, a donc officiellement pris acte de la décision de l’institution européenne.

Élan freiné

« Nous ne demanderons pas une troisième année de dérogation pour les semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes. C’est fini« , a fait savoir, le ministre français l’Agriculture Marc Fesneau à l’issue d’une rencontre avec des représentants de la filière sucrière, lundi. Une déclaration empreinte d’un certain dépit, car l’annonce de l’instance judiciaire de l’UE vient freiner l’élan de l’exécutif tricolore.

Celui-ci comptait en effet introduire pour la troisième fois en autant d’années une demande d’exemption afin de continuer l’utilisation des fameux pesticides. Les betteraviers, une des principales filières bénéficiaires de cette dérogation visant à préserver les betteraves sucrières de la jaunisse de la betterave, auraient ainsi pu couvrir la campagne agricole 2023.

Il n’en sera finalement pas ainsi. De quoi accroître les inquiétudes quant à leur prochaine récolte, malgré la promesse de l’État de couvrir d’éventuelles pertes. Les agriculteurs sont d’autant plus concernés que les ravages du dernier épisode de la jaunisse de la betterave en 2020 restent frais dans les esprits.

Alternative crédible

L’enjeu consiste désormais pour l’État français à œuvrer dans le cadre d’une alternative crédible aux néonicotinoïdes. De nombreux produits ayant par le passé été testés sans réussite probante.

Très efficaces contre les insectes nuisibles sur les cultures, les néonicotinoïdes n’en restent pas moins polémiques. Les détracteurs accusent notamment cette gamme d’insecticides de tuer les abeilles, une espèce officiellement en voie d’extinction.

L’arrêt de la dérogation sonne comme une victoire pour les militants de la préservation de la faune et autres groupes anti-pesticides. « Ce verdict rappelle que les administrations et les politiques sont liés par la loi, pas par les intérêts de l’industrie des pesticides ou des lobbies agricoles industriels », s’est ainsi félicité l’association Pesticide Action Network Europe, dans un communiqué.

Laisser un commentaire