Chine : China Rare Earth Group pour s’imposer sur le marché des semi-conducteurs ?

Un microcontrôleur RP2040 tenu avec une pincette au-dessus d'un PCB.

 

La Chine a créé en décembre 2021 un géant des terres rares baptisé China Rare Earth Group. Ce conglomérat devrait lui permettre de revaloriser les prix des matériaux, ainsi que de stabiliser la production, voire l’augmenter. Ce qui pourrait l’aider à conquérir le marché des semi-conducteurs dominé par Taïwan et les Etats Unis.

Début décembre 2021, la Chine a annoncé la création de China Rare Earth Group, une méga-entreprise de terres rares. Née de la fusion des principaux fournisseurs nationaux (Minmetals, Chinalco et Ganzhou Rare Earth), elle pèse 62% de la production nationale de terres rares lourdes et 30% de celle des terres rares légères. Directement gérée par le gouvernement, qui en détient 31% des parts, cette compagnie devrait permettre une régulation et une amélioration des prix, jusqu’ici éclatés et bas de gamme.

Une arme géopolitique majeure pour Pékin

La création de China Rare Earth Group repond à un second objectif : stabiliser la production nationale, voire l’augmenter afin de retrouver le niveau d’il y a quelques années. En effet, La Chine pesait 90% de la production nationale jusqu’au début des années 2010. Mais ces dernières années, cette part a fondu pour descendre à 55%. Ce qui ne l’empêche pas de fournir respectivement 90% et 80 des approvisionnements de l’Europe et des Etats Unis. Maintenant l’empire du milieu voudrait rapidement remonter à 70%. Il pourrait ainsi renforcer son emprise sur le secteur. Une perspective qui inquiète Bruxelles et Washington.

Les Occidentaux craignent que la Chine se serve de ses métaux comme d’un joker dans de futures négociations commerciales. Elle pourrait brandir une réduction des exportations pour obtenir des concessions. Un peu comme la Russie le fait en ce moment avec son pétrole. Mais pour Pékin, cette arme géopolitique est la bienvenue. Elle pourrait pousser les Etats à reculer sur certains points. Par exemple sur les sanctions infliger aux fondeurs chinois et sur celles concernant ses achats de puces. Mieux encore, elle pourrait s’imposer sur le marché des semi-conducteurs. Ces produits électroniques se composent principalement de terres rares.

Vers une domination de l’industrie électronique

Les terres rares sont un groupe de 17 métaux stratégiques (15 lanthanides complétés par le scandium et l’yttrium) pour des industries de pointe. Elles sont utilisées dans la fabrication de produits de haute technologie comme les systèmes radars, les écrans, les voitures électriques, les éoliennes et panneaux photovoltaïques ainsi que les puces. Ces dernières sont majoritairement fabriquées par le petit voisin Taïwan, les Etats Unis, la Corée du Sud, le Japon et l’Europe. Aujourd’hui, la Chine ne produit que 16 % des puces qu’elle consomme. Elle importe donc le gros de sa consommation.

Pour contrer cette dépendance, Pékin a lancé en 2015 le plan Made in China 2025 qui vise la production de 70 % de sa consommation nationale annuelle de composants électroniques. Le gouvernement a également inscrit les semi-conducteurs dans son 14e plan quinquennal au même horizon. Il a en outre initié la construction de 28 nouvelles usines avec un financement de 26 milliards de dollars. China Rare Earth Group vient ainsi comme la cerise sur le gâteau pour maîtriser de bout en bout la chaîne de valeur. La domination chinoise sur l’industrie électronique n’est donc plus qu’une question de temps. Cela d’autant que la production de terres rares a augmenté depuis quelques. Aussi, les prix ont connu un bond. De quoi permettre des investissements massifs dans les conglomérats nationaux.

Laisser un commentaire