Le développeur éolien offshore danois a obtenu vendredi l’approbation cruciale de ses actionnaires pour une émission de droits d’urgence de 9,4 milliards de dollars. Un mouvement crucial pour son avenir.
Trois à six mois de répit : c’est tout ce dont dispose désormais Ørsted depuis vendredi 5 septembre, selon l’agence Standard & Poor’s. La multinationale spécialisée dans l’énergie renouvelable a convaincu ses actionnaires de lui fournir 9,4 milliards de dollars d’urgence.
« (L’émission de droits) nous donne une base financière solide qui est nécessaire pour réaliser notre plan d’affaires« , explique la présidente Lene Skole aux actionnaires, dans des propos rapportés par Reuters, alors que le temps presse pour ce pionnier européen de l’éolien offshore désormais en grandes difficultés.
Entre la hausse des taux d’intérêt rendant les projets moins rentables, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les retards de construction, et les conditions météorologiques défavorables (vents faibles cet été), le géant danois autrefois modèle de transformation réussie du pétrole vers les renouvelables traverse une véritable crise existentielle.
À cela s’ajoute l’hostilité de l’administration Trump envers l’éolien et les politiques pro-climat en général, qui met en péril ses projets stratégiques Sunrise Wind et Revolution Wind dans le pays.
« Un long et difficile voyage » de redressement
Cette incertitude politique a provoqué la fuite des investisseurs potentiels, et la chute de ses actions de 85% aujourd’hui par rapport à leur pic historique de 2021. À cette époque, la valorisation boursière du groupe avait été multipliée par cinq, témoignage de la confiance des investisseurs dans sa stratégie de pivot vers l’éolien offshore.
L’émission de droits d’urgence approuvée vendredi vise principalement à éviter une dégradation de la notation de crédit de l’entreprise, un scénario qui pourrait compromettre davantage sa capacité à financer ses projets futurs.
« Nous allons faire un long et difficile voyage pour redresser Ørsted », a déclaré la présidente du conseil d’administration Lene Skole devant des actionnaires amers, selon Reuters, alors que deux tiers du montant recherché sont spécifiquement destinés au projet Sunrise Wind.
Des enjeux sectoriels plus larges
La levée de fonds pourrait permettre à Ørsted de traverser cette période difficile, mais elle dilue également considérablement la participation des actionnaires existants. Pour l’État danois, principal actionnaire, c’est un pari coûteux sur l’avenir de son champion national des énergies renouvelables.
Heureusement, l’énergéticien norvégien Equinor, actionnaire à 10%, tend une bouée de sauvetage à la société en s’engageant à injecter jusqu’à 941 millions de dollars dans cette levée de fonds.
Cette crise révèle la fragilité d’un modèle économique tributaire des décisions politiques. Ørsted, comme nombre de ses concurrents européens, semble en effet avoir sous-estimé les risques géopolitiques en se ruant sur le marché américain. C’était sans compter avec l’agenda pro-fossiles de Donald Trump.