Quand le Nutri-score dicte la recette à Chocapic

Les fameuses céréales chocolatées de Nestlé vont réduire leur teneur en sucre et en sel pour répondre aux exigences de l’étiquetage nutritionnel. Une démarche davantage commerciale que sanitaire.

Chocapic restera chocolaté, mais avec moins de sucre et de sel, à compter de septembre prochain. Nestlé, le géant agroalimentaire qui commercialise ces célèbres pétales croustillants à base de blé, l’a annoncé vendredi 20 juin.

La recette subira ainsi une réduction de 11% du sucre et de 9% du sel, marquant une huitième transformation en 20 ans selon le journal Le Parisien. Cette initiative permet à l’entreprise suisse de faire mieux noter l’un de ses produits phares par le Nutri-score.

Créé par la France, ce système évalue la qualité nutritionnelle des aliments via une échelle de lettres (A à E) et un code couleurs, allant de « Excellent » à « Mauvais ». Après des mois de négociations et la résistance de plusieurs industriels, le Nutri-score a été réformé mi-mars pour durcir ses critères, selon de récentes études scientifiques.

Conséquence : Chocapic a vu son évaluation chuter jusqu’à la note C, correspondant à la mention « Correct ». Une dégringolade que Nestlé a du mal à digérer.

Préserver sa place sur le marché

Car comme le souligne Le Parisien, un produit noté A bénéficie d’un bonus de 6% sur ses ventes, tandis qu’un produit classé E subit une perte de 7%. La nouvelle formulation devrait donc permettre à la deuxième marque de céréales la plus vendue en France de maintenir sa compétitivité.

Même si, selon le nutritionniste Serge Hercberg, considéré comme le père du Nutri-score, cité par Le Monde, « un produit, même classé D ou E, peut être consommé dans le cadre d’une alimentation équilibrée, mais pas en grande quantité ou trop fréquemment ».

« Les céréales ont souvent servi d’exemple pour justifier l’évolution de l’algorithme du Nutri-score vers une pénalité renforcée sur le sucre », explique pour sa part, Luc Denot, directeur général de CPF, filiale française de la coentreprise Nestlé-General Mills à l’AFP.

La rentabilité à tout prix ?

Cette démarche interroge sur la priorité donnée à la santé face à la rentabilité par les industriels de l’agroalimentaire, alors que l’alimentation constitue l’un des principaux leviers de bien-être, à en croire de nombreuses études scientifiques.

Une autre question émerge à la lueur de cette initiative de Nestlé : jusqu’où peut-on modifier un produit sans en dénaturer l’essence ? Par ailleurs, les consommateurs accepteront-ils indéfiniment de tels ajustements successifs ?

D’après Anne-Laure Laratte, diététicienne nutritionniste interrogée par Ouest-France, la teneur en sucre reste élevée dans la plupart des céréales vendues en France. Elle espère ainsi que l’initiative de Nestlé « est un début », alors que les autres marques, dont Trésor du groupe Kellogg’s, n’ont encore rien annoncé.

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