L’obésité n’est peut-être pas ce que vous croyez

Une récente commission d’experts scientifiques appelle à une redéfinition de l’état d’obésité au-delà des croyances établies. Un véritable coup de pied dans la fourmilière.

Vous pensiez tout savoir de l’obésité ? Eh bien, vous êtes probablement encore loin du compte. Tel est le sentiment insufflé à la lumière d’un récent travail scientifique sur ce sujet aux multiples implications.

Les données de cette plongée au cœur de l’un des plus grands fléaux mondiaux, publiées depuis le 14 janvier dans « The Lancet Diabetes & Endocrinology Commissioninitiative », initiative de la revue médicale The Lancet destinée aux questions de santé publique bouleverse les paradigmes établis.

Ce fruit de deux ans d’échanges dans le cadre d’un creuset de 56 experts internationaux est une véritable claque aux idées reçues. Il invite à une remise en cause profonde, notamment de la définition de l’obésité.

Un instrument limité

En effet, les auteurs relèvent un biais potentiel dans la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les personnes obèses, c’est-à-dire dont l’indice de masse corporelle (IMC) – qui se calcule en divisant le poids en kilogrammes par le carré de la taille en mètres – est supérieur à 30.

« L’IMC est utile pour définir un risque. Mais ce n’est pas une mesure de la masse grasse ou la définition de l’obésité, c’est : augmentation de la masse grasse avec des conséquences pour la santé », argue dans les colonnes du Monde, Karine Clément, professeure de nutrition à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, membre de cette commission “Lancet”, à l’instar de deux autres Français.

Selon elle, on peut avoir un IMC supérieur à 30 et avoir beaucoup plus de muscles que de graisse. « Inversement, on peut avoir un IMC inférieur à 30 et avoir de la graisse et peu de muscles », poursuit cette spécialiste, toujours dans le quotidien du soir, ajoutant que les limites de l’IMC sont connues depuis 20 ans.

En cause, le fait que cet indicateur inventé au XIXe siècle par le mathématicien belge Adolphe Quetelet, ne soit pas toujours associé à de l’adiposité. Autrement dit, la quantité de graisse dans le corps.

Différents types d’obésité

L’exemple des rugbymen, souvent considérés comme obèses selon l’IMC alors qu’ils sont en excellente condition physique, illustre parfaitement les limites de cet instrument, ainsi que le relève Le Monde.

Les experts recommandent donc désormais une évaluation plus complète, intégrant soit la mesure directe de la masse grasse, soit des critères anthropométriques comme le tour de taille (88 cm pour les femmes, 102 cm pour les hommes) ou le rapport tour de taille sur tour de hanches.

Seules les personnes ayant un IMC très élevé, supérieur à 40 notamment, échappent à cette nécessité de confirmation supplémentaire. Cela induit une nouvelle classification de la part de la commission.

Il s’agit de l’obésité clinique, reconnue comme une véritable maladie, et l’obésité préclinique désignant un excès de poids qui n’affecte pas encore significativement la santé ou le fonctionnement des organes.

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