L’eau française massivement empoisonnée aux PFAS

Ces polluants dits éternels se retrouvent systématiquement dans l’eau de consommation à travers le pays.

Ce n’est certainement pas une surprise que les PFAS (pour substances per- et polyfluoroalkylées) encore appelés « polluants éternels » se retrouvent dans l’eau du robinet, au regard de l’appétence développée par l’industrie agroalimentaire pour ces substances toxiques aux multiples propriétés.

Leur utilité pour la résistance aux taches, la protection contre l’humidité et la stabilité à la température entre autres, a fait d’eux des éléments très recherchés. De quoi renforcer leur présence dans l’environnement et ainsi favoriser leur dissémination dans l’eau ?

Deux études distinctes menées par l’UFC-Que choisir et Générations futures d’une part, et le laboratoire d’analyse Eurofins d’autre part, dressent en tout cas un tableau alarmant de cette situation à travers toute la France, avec des contaminations quasi systématiques.

Les analyses fondées sur une centaine d’échantillons d’eau du robinet prélevés dans les principales villes de métropole et leurs environs qu’ils soient ou non à proximité de sites industriels, révèlent des concentrations particulièrement élevées en acide trifluoroacétique (TFA).

Une contamination aux proportions inquiétantes

Il s’agit du plus petit des PFAS, dont la structure moléculaire particulière lui confère, d’après les spécialistes, une mobilité exceptionnelle dans l’environnement.

« D’autres études réalisées en Europe ont montré des concentrations élevées en TFA dans les eaux de consommation, il était donc cohérent de mener une étude comparable en France », affirme dans les colonnes du Monde, Coralie Sassolat, directrice générale des laboratoires Eurofins Hydrologie France.

Les données recensées par cette structure sont particulièrement préoccupantes, avec des concentrations en TFA dépassant le seuil de 100 nanogrammes par litre (ng/L) notées dans 61 des 63 communes testées en novembre 2024.

Parmi les endroits avec les plus grandes concentrations figurent Marange-Silvange, près de Metz (35 fois le seuil des 100 nanogrammes par litre), Nantes (2 700 ng/L), La Rochelle (2 500 ng/L) ou encore Palaiseau (2 500 ng/L).

Un cadre réglementaire à repenser

En ce qui concerne l’enquête menée par l’UFC-Que choisir et Générations futures, le record se révèle être la commune de Moussac, dans le Gard, avec une concentration stupéfiante de 13 000 ng/L de TFA dans l’eau distribuée.

« La concentration de TFA augmente rapidement dans l’eau, le sol, les plantes, les jus de fruits, le vin, et donc dans le sang également », indique Hans Peter Arp, chimiste environnemental à l’université norvégienne de sciences et technologies, interrogé par Le Monde, pointant une tendance en accélération depuis 2010.

C’est d’autant plus inquiétant que la réponse des autorités sanitaires soulève de nombreuses questions. Alors que la Commission européenne reconnaît la « toxicité préoccupante » du TFA pour le développement et le considère comme « un métabolite pertinent », la direction générale de la santé (DGS) française a fait, selon Le Monde, le choix d’assouplir considérablement les normes.

Les associations environnementales appellent ainsi le gouvernement à appliquer le « principe de précaution » en adoptant des normes plus protectrices, et en renforçant les contrôles sur les rejets industriels, entre autres. À défaut d’interdire simplement ces PFAS.

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