Malgré la multiplication des contrôles de qualité, les produits alimentaires font de plus en plus l’objet de rappels en France. De quoi s’inquiéter pour notre alimentation.
Manger serait-il devenu l’un des moyens les plus sûrs de mettre sa santé en danger ? C’est la question fort à propos posée par Le Parisien à sa Une mardi 12 novembre 2024, alors que les épisodes de rappels de produits alimentaires à risque s’enchaînent en France.
Le journal francilien en a ainsi d’ores et déjà dénombré 56 rien que pour ce mois de novembre même pas encore entamé à moitié. Des rappels consécutifs à des alertes sur la présence de la listeria et du mercure dans une diversité de produits alimentaires.
Et c’est sans compter les alertes émises le mois dernier à propos de la qualité des eaux minérales ou de celle de certaines pizzas à l’origine de la mort de deux enfants. De telles situations tragiques sont pourtant moins fréquentes de nos jours que par le passé.
Selon un rapport du Sénat mentionné par Le Parisien, l’intoxication alimentaire provoque en moyenne 150 décès par an aujourd’hui contre 15 000 en 1950.
La grande illusion du risque moderne
« L’industrialisation de la production et de la commercialisation alimentaires, au cours du XXe siècle, a conduit à des bénéfices sanitaires et nutritionnels. La puissance actuelle des éléments d’analyse des contaminants et des toxiques permet de les déceler plus rapidement », explique au Parisien, Faustine Régnier, sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique.
Reste que si le risque d’intoxication aiguë a fondu, un nouveau péril, plus insidieux et non moins dangereux, a émergé entre-temps, faisant accroître le sentiment de crainte permanente actuelle.
L’accumulation invisible
« On vit désormais dans un monde de microcontaminations« , renseigne le professeur Jean-Claude Alvarez, toujours dans les colonnes du Parisien, pointant le rôle de l’accumulation des produits chimiques devenus presqu’omniprésents dans nos assiettes désormais en raison de leur surutilisation par l’industrie agroalimentaire.
« Il y a un nombre vertigineux de nouvelles substances qui sont mises sur le marché chaque jour et pour lequel on n’a aucun recul quant à notre santé », s’inquiète Florence Hachez-Leroy, professeure d’histoire contemporaine, dont le livre « Menaces sur l’alimentation » publié en septembre 2019, traite des emballages, des colorants et d’autres contaminants alimentaires.
Une étude menée en 2010 par Générations futures sur le repas type d’un enfant a ainsi révélé la présence de 128 résidus chimiques différents, dont des pesticides, des phtalates, des dioxines ou encore des métaux lourds. Une situation particulièrement effrayante.