États-Unis : quand la minceur médicale bouleverse l’industrie alimentaire

Avec Ozempic, les géants de l’alimentation s’aperçoivent, après des moments de crainte, que les solutions coupe-faim peuvent représenter une opportunité.

Et si Ozempic n’était finalement pas une menace pour le secteur de l’alimentaire ? Le médicament antidiabétique utilisé par ailleurs contre l’obésité et connu pour ses vertus coupe-faim a, jusqu’à récemment, suscité à tout le moins, une certaine méfiance dans l’industrie de l’alimentation.

Pour cause, il laissait présager, en supprimant l’appétit, une baisse importante des ventes pour les fabricants de plats préparés et de snacks (les grignotines).

La tension quant à une baisse des chiffres d’affaires des géants de l’agroalimentaire était si palpable dès la sortie d’Ozempic que Lars Fruergaard Jørgensen, PDG de Novo Nordisk, le laboratoire fabricant, s’en est ému publiquement.

« Quelques PDG de sociétés alimentaires, par exemple, m’ont appelé. Ils en ont peur« , avait déclaré l’homme d’affaires danois à New York, dans des propos rapportés par Bloomberg, en février seulement. Quelques mois plus tard, la situation semble avoir radicalement changé.

Le grand revirement des industriels

Si Ozempic diminue bien l’appétit, ses effets sur la prise alimentaire globale se sont révélés plus limités qu’anticipés. Surtout, les patients cherchent toujours à se nourrir de manière équilibrée, quitte à modifier la composition de leur panier de courses.

« Nous regardons vraiment de près les questions liées aux GLP-1 (hormones qui révolutionnent la lutte contre l’obésité) et n’avons vraiment trouvé aucune preuve que cela ait eu un impact« , a déclaré Mark Smucker, directeur général de JM Smucker Co, groupe qui possède notamment la marque de café Folgers et la marque de beurre de cacahuètes Jif, dans un témoignage auprès de Fortune magazine.

Une meilleure compréhension des effets réels de ces GLP-1 suggère donc que, contrairement aux craintes initiales, les utilisateurs ne cessent pas de manger. Ils changent leurs habitudes, privilégiant des aliments plus nutritifs, plus riches en protéines, et consommés en plus petites quantités.

Une opportunité à saisir

Cette nouvelle donne a ouvert la voie à une véritable course à l’adaptation dans l’industrie alimentaire, avec comme norme de référence : portion contrôlée, richesse nutritionnelle et digestibilité. D’autant que l’engouement pour cette classe de médicaments ne cesse de croître aux États-Unis.

Nestlé a été l’un des premiers à réorienter son offre en conséquence. Ces plats surgelés, disponibles aux États-Unis, sont conçus pour répondre aux besoins spécifiques des utilisateurs de GLP-1 : riches en protéines et en fibres, pauvres en matières grasses, et proposés en portions réduites.

Il en est de même de Conagra ou de Danone qui développent également des gammes entièrement pensées pour les patients sous Ozempic. Loin de signer l’arrêt de mort de l’industrie alimentaire, la solution coupe-faim préférée des Américains pourrait au contraire leur fournir de nouveaux relais de croissance.

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