Déforestation : l’Europe souhaite une traçabilité accrue des produits

Une forêt défrichée.

 

Les eurodéputés ont proposé, jeudi 22 octobre, de renforcer la traçabilité des produits susceptibles de contribuer à la déforestation, principalement au Brésil. Ils ont aussi exigé que Bruxelles en tienne compte dans ses accords commerciaux.

L’Europe responsable de 10% de la déforestation mondiale

En 2019, la planète a perdu plus de 3,8 millions d’hectares de forêts tropicales primaires, à cause notamment des ravages des incendies en Amazonie et surtout de la déforestation. Indirectement, on estime que la consommation dans l’UE contribue pour au moins 10% à la déforestation mondiale, via les importations d’huile de palme, de viande, de soja, de cacao ou de caoutchouc. Ainsi, les eurodéputés souhaitent une législation visant à empêcher les importations néfastes pour le climat et la biodiversité.

Le Parlement a adopté, jeudi 22 octobre, à une large majorité (377 pour, 75 contre, 243 abstentions), un rapport demandant à la Commission de présenter une initiative législative contraignante sur le sujet. Ficelé par la socialiste allemande Delara Burkhardt, ce texte pousse l’exécutif européen à légiférer pour garantir aux consommateurs de l’UE du soja, du bœuf, de l’huile de palme ou encore du caoutchouc produits sur des terres déjà défrichées. « Nous avons besoin d’un cadre réglementaire pour nos chaînes d’approvisionnement et une vérification technique obligatoire en amont de la chaîne. Cela obligerait les entreprises et les pays producteurs à mettre en place des contrôles », plaide Delara Burkhardt. Mais, en cas de manquements, l’UE pourrait infliger des sanctions « proportionnées et dissuasives ».

Les banques visées comme les groupes agroalimentaires

Aussi, le rapport soutient des conditions de concurrence équitables sur le marché en établissant les mêmes règles pour toutes les entreprises, aussi bien de l’agroalimentaire que du secteur financier. En février, l’ONG Global Witness avait révélé dans une enquête que les financements de six groupes agroalimentaires liés au déboisement de l’Amazonie, du bassin du Congo et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, entre 2013 et 2019, provenaient principalement d’institutions financières européennes, avec 7 milliards investis.

« L’UE doit se donner les moyens de contrer la déforestation dont elle est responsable, prendre des sanctions commerciales contre les entreprises et les banques » qui y contribuent, a réagi l’eurodéputée Michèle Rivasi (Verts). En outre, le rapport met fortement l’accent sur le respect des droits de l’homme, des moyens de subsistance et de la culture de ceux qui vivent dans et de la forêt. Les eurodéputés prefèrent cette solution à l’étiquetage, auquel de nombreux produits transformés échappent, comme l’a montré une récente enquête de Disclose sur le géant brésilien de la viande JBS.

Un signal clair envoyé à la Commission européenne

Les ONG ont applaudi l’initiative du Parlement. « Les députés veulent une législation ambitieuse et ambitieuse pour lutter contre la déforestation et l’empreinte de destruction de la nature de l’UE. Nous félicitons le Parlement d’avoir adopté le rapport de l’eurodéputée Delara Burkhardt – cela envoie un signal clair à la Commission européenne et jette des bases solides pour les discussions de l’année prochaine », a déclaré Anke Schulmeister-Oldenhove, chargée de mission principale des politiques forestières au Bureau des politiques européennes du WWF. « Ce n’est que le début de la course contre la montre pour sauver les forêts et la nature du monde. Ensemble avec plus de 130 groupes environnementaux, nous sommes engagés à long terme pour faire d’une nouvelle loi une réalité. Supprimons la déforestation de nos assiettes pour de bon! », a ajouté la militante écologiste.

Par ailleurs, le texte met une pression supplémentaire sur la Commission qui avait déjà indiqué vouloir légiférer l’an prochain sur le sujet. En effet, l’UE a ouvert une consultation publique sur la lutte contre l’empreinte de la déforestation en 2019 et devra se prononcer bientôt.

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