A Paris, trois entrepreneurs produisent, depuis plus de deux ans, du compost naturel en circuit court, à partir des déchets alimentaires. Leur objectif est de participer à un retour de la nature au cœur des villes, tout en mettant fin à une « aberration écologique ».
Chaque année, plusieurs tonnes de déchets alimentaires (épluchures, coquilles d’œuf, marc de café et autres déchets organiques) sont détruits en France. Le comble, c’est qu’environ 4 milliards de litres d’eau sont nécessaires à la combustion de ces déchets. C’est un énorme gaspillage auquel veulent mettre fin trois entrepreneurs parisiens. Alexandre Guilluy, un diplômé d’école de commerce (EDHEC), et ses associés Fabien Kenzo-Sato (Polytechnique) et Cyrielle Callot (HEC) ont lancé ensemble Les Alchimistes, il y a plus de deux ans. Cette jeune entreprise traite en circuit court des déchets alimentaires pour les transformer en compost naturel pour refleurir les jardins municipaux, participatifs ou particuliers. Ils espèrent ainsi aider à reverdir la ville.
Une transformation en six semaines au lieu d’un an
Chaque matin, depuis 2016, à vélo électrique ou en camion, les entrepreneurs organisent avec leur équipe de 15 salariés la collecte des déchets alimentaires auprès des mairies, cantines scolaires, restaurants, traiteurs, et supermarchés. Ils apportent ensuite la « récolte » du jour dans leur atelier du 14ème arrondissement parisien. Là, une grande machine en forme de cylindre estampillée « Les Alchimistes », oxygène les déchets mélangés, au préalable, avec du broyat de bois. Grâce à ce composteur électro-mécanique, les déchets ressortent en compost naturel. « Cette technique permet de les transformer en engrais naturel de qualité en cinq à six semaines au lieu d’un an, voire plus », précise Alexandre Guilluy.
500 000 euros de chiffre d’affaires en 2019
Le business model des Alchimistes consiste à facturer le service de collecte en amont, et à vendre leur compost en aval à des réseaux d’épicerie biologique, à des paysagistes, des fermes urbaines, des collectivités locales et des friches industrielles. L’entreprise réalise plus de 500 000 euros de chiffre d’affaires en 2019. Un résultat net « pas très loin de l’équilibre », fait savoir Alexandre Guilluy.
Les Alchimistes se lancent à la conquête d’autres villes
La jeune entreprise parisienne ambitionne maintenant de s’implanter à Lille, Toulouse, Toulon et Lyon, puis à Marseille et l’île de La Réunion. Si Les Alchimistes ont pu déployer leurs ailes à Paris, c’est notamment grâce à un prêt de 100 000 euros octroyé par France Active. L’an dernier, ils ont aussi gagné 300 000 euros en tant que Lauréat du Concours d’innovation nationale de l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Notons en outre qu’ils bénéficient d’une subvention de 700 000 euros sur les trois prochaines années de la part de l’agence métropolitaine des déchets ménagers, le Syctom. Grâce à cette enveloppe, nos trois entrepreneurs ont démarré la collecte des déchets organiques ménagers de 10 000 habitants de la ville de Stains (Seine-Saint-Denis). Et cette fois c’est à cheval car le camion n’est pas le transport adéquat quand on veut lutter contre les gaz à effets de serre.