Inde : une équipe d’ingénieurs transforme la suie en encre

Des flacons de suie trabsformée en encre

 

A Delhi, ville qui abrite la capitale de l’Inde, une équipe de jeunes ingénieurs transforme la suie en encre et en peinture grâce à un procédé innovant. Mieux, elle conçoit des systèmes de filtrage pour empêcher la pollution de s’échapper dans l’atmosphère.

L’abnégation de jeunes inventeurs

En Inde, une équipe de jeunes ingénieurs en mécanique a réussi l’exploit de mettre sur pied une technique innovante qui permet de convertir la suie en encre ou en peinture. L’aventure a commencé par une observation des plus banales. Un jour, alors qu’Arpit Dhupar (25 ans), un ancien de l’IIT à Delhi, et ses amis se gavaient de jus de canne à sucre sur un stand au bord de la route, ils remarquèrent que le broyeur de canne fonctionnait sur un groupe électrogène diesel, mais que ses émissions n’étaient pas visibles. En effet le vendeur avait fixé un tuyau d’échappement pour détourner les émissions de carbone vers un mur. Arpit Dhupar constata que la suie émise avait peint le mur en noir et se demanda si cela pouvait être plus gros. «Si cela peut colorer le mur en noir, il peut sûrement être utilisé comme peinture», pensa-t-il.

Avec quelques camarades étudiants en mécanique, il a transmis ses idées à ses professeurs d’université et à d’autres universitaires et tous lui ont dit que si cela était possible, quelqu’un l’aurait déjà fait. Nullement découragé par ces propos, Arpit Dhupar se lance dans son projet avec des amis qui y croyaient comme lui. A force de recherche et de travail, ils trouvent un nouveau moyen de filtrer les particules polluantes des générateurs diesel et de les transformer en encre.

« Notre plus gros client en termes d’achat d’encre est Dell Computers »

« Ces moteurs sont très sensibles à la résistance dans le flux des gaz d’échappement, ce que l’on appelle la contre-pression, et nous avons réussi à obtenir une très bonne efficacité de capture à très basse pression. C’était jamais vu dans l’industrie auparavant », a déclaré Arpit Dhupar, qui a créé entre temps sa société : Chakr Innovation. Selon le jeune inventeur, le fait que la suie soit emprisonnée dans un liquide présente des avantages propres. Il n’y a aucun risque que les particules s’échappent.

Une fois la solution de suie obtenue, les inventeurs la font passer par quelques processus pour en éliminer les substances nocives. « Tout ce que vous avez à faire est d’ajouter la bonne quantité et le bon type de quelque chose connu sous le nom de liant », a expliqué Dhupar. Il ne reste plus qu’à imprimer n’importe quoi, des t-shirts et des tasses à café aux cartes de vœux ou aux emballages de produits. Très vite, Chakr Innovation a eu des clients avec d’importantes commandes. « Notre plus gros client en termes d’achat d’encre est Dell Computers », a déclaré Dhupar. « Ils l’utilisent pour imprimer les boîtes en carton de leurs ordinateurs portables », a-t-il précisé.

Chakr Innovation conçoit des systèmes de filtrage de l’air

Mais l’objectif des jeunes ingénieurs n’était pas de devenir de simples fabricants d’encre. Ils voulaient en faire davantage pour l’environnement. Chakr Innovation s’est donc mis à concevoir des systèmes de filtrage pour empêcher la pollution de s’échapper dans l’atmosphère. Depuis 2018, la société a vendu près de 50 appareils de ce type. La start-up a tissé des alliances avec de grosses sociétés, notamment IndianOil et la société allemande d’ingénierie et d’électronique Bosch, pour aller plus loin.

L’équipe d’ingénieurs a remporté plusieurs prix pour ses travaux, dont le plus récent est le prix PNUE Jeunes champions de la Terre.

La pollution en Inde, l’une des plus importantes au monde

Le système de filtrage de Chakr Innovation et son procédé pour transformer la suie en encre sont des inventions qui contribueront énormément à dépolluer l’Inde. Selon l’OMS, les 14 villes les plus polluées du monde en particules fines se trouvent en Inde. L’air est si pollué dans ce pays qu’il y a des jours pendant lesquels on ne peut pas voir au-delà d’un mètre. Cette importante pollution ferait perdre aux Indiens plus de quatre années de vie en moyenne.

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