Leydy Aracely Martin Pech, une apicultrice indigène maya qui a dirigé une coalition pour arrêter la plantation de soja génétiquement modifié par Monsanto dans le sud du Mexique, a reçu le lundi 30 novembre le prix Goldman de l’environnement 2020. Ce prix récompense chaque année les héros environnementaux des six régions continentales habitées du monde.
« Un combat contre tout le modèle de développement de l’agro-industrie »
Grâce à son combat contre le soja OGM de Monsanto, Leydy Pech, une apicultrice de Hopelchén (Mexique) a remporté lundi 30 novembre le prix Goldman de l’environnement. Accordée chaque année depuis 1989 à San Francisco, ce prix récompense six défenseurs de l’environnement représentant les six zones géographiques du monde. « Quand j’ai commencé cette bataille [en 2011], des entreprises et les autorités ont voulu me faire comprendre que je n’étais rien et que je n’arriverais à rien. Mais ça ne m’a pas paralysée, au contraire, j’ai cherché des appuis. Et je les ai trouvés dans l’unité du peuple maya », a indiqué cette Indienne maya de 55 ans dans une interview à BBC Mundo. Pour elle, « ce n’est pas seulement un combat contre Monsanto, mais contre tout le modèle de développement de l’agro-industrie qui a été imposé au Mexique et qui nous nuit ».
Un travail de sensibilisation auprès des communautés
Surnommée « la gardienne des abeilles », Leydy Araceli Pech Martín s’est engagée dans une bataille juridique contre les pesticides et les OGM depuis près de 10 ans. Ce qui l’a amenée à affronter le plus grand producteur de semences au monde, Monsanto, aujourd’hui propriété de Bayer. Elle a commencé son combat dans le village Hopelchén dans la péninsule du Yucatan, un territoire fortement touché par la déforestation et la pollution toxique de l’agriculture industrielle. Une situation particulièrement dommageable pour les écosystèmes dont dépendent les abeilles.
Celle qu’on appelle aussi la « dame de miel » raconte qu’il a fallu du temps pour faire comprendre aux gens ce qu’était le soja OGM planté par la firme Monsanto, avec l’autorisation des pouvoirs publics mexicains. Puis pour comprendre comment ces organismes génétiquement modifiés altéraient les autres activités agricoles, tout particulièrement l’apiculture. Elle a étayé ses propos avec des études, dont celles de l’universitaire mexicaine et un rapport des Nations unies, qui démontrent que le pollen de soja modifié est présent dans le miel et que des traces de glyphosate sont détectables dans l’eau d’irrigation. Or, les pesticides sont réputés très nocifs pour les abeilles.
Monsanto continue à introduire ses semences
Leydy Pech a dirigé dès 2012 la coalition Sin Transgenicos (sans OGM) qui a intenté une action en justice contre le gouvernement fédéral pour arrêter la plantation de soja génétiquement modifié de Monsanto dans sept États du Mexique. La poursuite était fondée sur le fait que ni le gouvernement ni Monsanto n’avaient consulté les communautés autochtones avant d’approuver les permis, violant ainsi la Constitution du Mexique et la Convention 169 de l’ Organisation internationale du travail (OIT). En 2015, la Cour suprême a jugé que le gouvernement avait violé les droits des Mayas et suspendu la plantation. Deux ans plus tard, l’autorité mexicaine de l’Alimentation et de l’Agriculture a révoqué les autorisations délivrées à Monsanto pour la culture du soja transgénique.
Malgré ces victoires éclatantes, Leydy Pech estime que la bataille n’est pas terminée. « L’entreprise continue à introduire des semences modifiées sur nos terres, et même dans notre village, certains continuent à semer et commercialiser du soja modifié dans une impunité totale et une violation du droit », révèle-t-elle.