France : comment végétaliser sans braquer ?

Une nouvelle étude explore différents mécanismes pour encourager les Français à adopter des habitudes alimentaires à la fois saines, respectueuses du climat et financièrement accessibles.

Face à l’urgence climatique qui se manifeste avec une intensité croissante et aux enjeux de santé publique, la transformation des habitudes alimentaires s’impose comme un défi majeur. Une nécessité d’autant plus pressante que la science a depuis, démontré l’épuisement progressif et inexorable des ressources.

Concernant la France, aborder la délicate question de la consommation de la viande – grosse contributrice des émissions de gaz à effet de serre – en constante hausse depuis 50 ans d’après l’établissement public chargé du suivi des marchés agricoles, FranceAgriMer, pourrait être par exemple un premier pas.

Mais comment s’y prendre alors qu’un Français est réputé manger deux fois plus de viande que la moyenne mondiale selon des chiffres de 2022 rapportés un an plus tard par le journal Le Monde ? Des chercheurs de l’Institut pour le développement durable et les relations internationales (Iddri) et de l’Institute for Climate Economics (I4CE) ont réfléchi à la question.

Quelques pistes alternatives

De leurs travaux découle une approche plutôt innovante destinée à accompagner cette nécessaire transition, tout en évitant l’écueil des mesures coercitives susceptibles de provoquer l’effet inverse.

La particularité de l’étude réside dans sa méthodologie qui combine plusieurs disciplines – sociologie, modélisation, analyse des politiques publiques – pour comprendre les mécanismes du changement comportemental et ainsi adapter les actions.

Car comme l’explique Carole Galissant, directrice de la transition alimentaire chez Sodexo, entreprise spécialisée dans l’alimentation durable, dans les colonnes du Monde : « quand on parle de plats végétariens à certains de nos clients, on s’entend parfois répondre qu’ils ne sont pas des oiseaux et des mangeurs de graines« .

L’objectif d’une réduction de 15% de la consommation de viande d’ici 2035 est jugé plus réaliste par les auteurs. De quoi rejoindre les niveaux actuels observés en Italie.

Le rôle crucial des politiques publiques

À rebours du mythe du « consom’acteur », capable à lui seul de transformer ses habitudes alimentaires, les chercheurs soulignent que les choix individuels sont fortement conditionnés par l’environnement alimentaire, dont l’offre disponible, le pouvoir d’achat, la structure familiale ou encore le lieu de vie.

D’où le rôle primordial de la grande distribution où les Français effectuent 75% de leurs achats alimentaires, à en croire Le Monde. L’enseigne Lidl s’est ainsi engagée à augmenter de 20% les ventes d’aliments d’origine végétale d’ici 2030.

Dans la restauration collective, Sodexo expérimente des aménagements subtils, comme la réorganisation des espaces de service pour mettre en avant les options végétales.

Les chercheurs insistent sur la nécessité d’un cadre politique cohérent pour orchestrer cette transition, alors que la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, promise depuis la Convention citoyenne pour le climat en 2020, se fait toujours attendre.

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