La plus haute autorité de santé publique aux États-Unis plaide pour l’inscription du risque de cancer sur les étiquettes des boissons alcoolisées en circulation dans le pays.
C’est une annonce en guise de drapeau rouge que Vivek Murthy dresse en ce début d’année 2025 à l’ensemble du peuple américain. Celui qui occupe actuellement le poste de « Surgeon General of the United States » (médecin-chef des États-Unis) milite pour une prise en compte de l’alcool dans la survenance du cancer.
Les boissons alcoolisées devraient ainsi, selon ce haut représentant de la santé publique américaine, embarquer une étiquette mentionnant spécifiquement qu’elles représentent une « cause majeure » de cancer.
« L’alcool est une cause de cancer établie et évitable, responsable d’environ 100 000 cas de cancer et 20 000 décès par cancer chaque année aux États-Unis. Pourtant, la majorité des Américains ignore ce risque« , a déclaré le médecin militaire dans un avis publié vendredi 3 janvier 2025.
Il y est notamment fait cas, dans les moindres détails, des effets cancérigènes de l’alcool, dont les dangers ont été longtemps sous-estimés par les chercheurs et experts de la santé aux États-Unis.
Au moins sept types de cancers concernés
Ainsi, consommer moins d’un verre par semaine augmente le risque de développement de cancer d’environ 17% chez les femmes, d’après le rapport. Un chiffre en progression de cinq points en cas de double verre journalier. Pour les hommes, le risque passe de 10% à environ 13%, selon qu’il s’agisse d’un verre ou de deux sur la même période.
À en croire le Dr Vivek Murthy, l’alcool se révèle être la troisième cause évitable de cancer aux États-Unis, juste derrière le tabac et l’obésité. Au total, ses données pointent la responsabilité de l’alcool dans la survenance de sept types de cancers.
Il s’agit du cancer du sein, du côlon, de l’œsophage, du foie, de la bouche, de la gorge et du larynx. Le médecin-chef affirme par ailleurs qu’il est désormais établi que l’alcool peut endommager l’ADN, modifier les niveaux hormonaux et faciliter l’absorption de substances cancérigènes présentes dans la fumée de tabac.
Une bataille titanesque contre un lobby historique
Autant de mécanismes de cancérogénicité jusqu’alors très peu relevés ou tout simplement mal compris. De fait, « seuls 45% des adultes américains sont conscients que la consommation d’alcool accroît leur risque de développer un cancer », regrette le Dr Murthy.
Son plaidoyer intervient alors que les étiquettes actuelles aux États-Unis sont très basiques, mentionnant seulement les risques liés à la conduite en état d’ivresse, les dangers pendant la grossesse, avec un vague avertissement général sur « les problèmes de santé possibles ».
Mais la bataille s’annonce, car toute modification des étiquettes d’avertissement nécessiterait une action du Congrès. L’institution n’a pas légiféré sur l’alcool depuis 1988, selon le New York Times.