La gestion et la valorisation des déchets est l’un des plus grands défis actuels de l’Afrique, considérée comme le dépotoir des pays riches. Ces dernières années, une économie circulaire tente timidement de se mettre en place grâce à des startups et des entreprises ambitieuses. Tour d’horizon de quelques initiatives sur le continent.
Selon un rapport de la Banque Mondiale en 2018, l’Afrique générait par an l’équivalent de 180 millions de tonnes d’ordures, avec un taux quotidien de 0,46 kilogramme par habitant. Une grande partie de ces déchets provient des pays riches, qui considèrent l’Afrique comme un vaste dépotoir. Ils y versent notamment des milliers d’appareils électroniques, en complicité avec des dirigeants locaux corrompus. La Banque Mondiale estime que le phénomène va s’accentuer. L’Afrique devrait produire trois fois plus de déchets à l’horizon 2050.
Seulement 7% des détritus recyclés
Or les décharges publiques n’ont pas la capacité de gérer cette énorme production de détritus. Elles parviennent seulement à en éliminer 24% et à en recycler environ 7%. Trop peu pour permettre la création d’un cadre de vie sain. On voit ainsi prospérer des dépôts sauvages, à l’origine de maladies comme le paludisme, la fièvre typhoïde et le choléra. La Banque Mondiale pointe du doigt une mauvaise politique nationale qui fait que la collecte et le traitement sont sous-dimensionnés et le recyclage pratiquement embryonnaire.
Un marché assez lucratif de la valorisation des ordures
Face à ce constat, des entrepreneurs et des startups ont mis en place des initiatives pour favoriser le tri des déchets, la fabrication de compost et le recyclage des rebuts. Cet engagement est toutefois très lucratif. En effet, le marché de la gestion et de la valorisation des déchets ménagers et industriels représentait en 2017 quatre milliards d’euros. Une potentielle source de revenus en Afrique où les opportunités économiques se font rares. Ces dernières années, on assiste ainsi à l’émergence de nombreux projets pour construire une économie circulaire.
Des tableaux artistiques à partir de déchets plastiques
On note notamment les efforts de Bekia, une startup égyptienne fondée en 2017 par Alaa Afifi Kamal. Pour tout déchet rapporté, elle offre des points échangeables contre des produits divers. Par exemple des tickets de métro, du crédit d’appel téléphonique et de l’épicérie. En République Démocratique du Congo, Plastycor fait mieux en transformant les bouteilles plastiques en bouquets de fleurs ou en tableaux artistiques vendus par la suite. Elle produit également des fauteuils, des étagères, et plein d’autres meubles.
Du compost pour les cultures agricoles
Au Togo, Africa Global Recycling emprunte la même voie. Cette entreprise rachète les ordures auprès des ménages pour les transformer en produits commercialisables. Elle conseille et forme aussi les citoyens en gestion de déchets. Au Nigeria, Kaltani recycle les déchets plastiques pour en faire des films alimentaires. Elle a récemment bénéficié d’un investissement de 4 millions de dollars pour se développer.
Citons enfin l’initiative Africompost soutenue par le consortium Fondation GoodPlanet. Cette jeune pousse propose de faire du compost à partir des déchets et de l’utiliser pour les cultures agricoles. Elle est présente au Togo, au Cameroun et à Madagascar. Ce genre de projets devrait se multiplier dans les prochaines années, au fil de la prise de conscience des habitants sur l’importance d’un cadre de vie sain.