La verdisation n’épargne pas la mode. En France, quelques firmes essaient de débarrasser le jean, ce vêtement multiséculaire, de ses attributs destructeurs pour l’environnement. Un travail de longue haleine.
Elles s’appellent Belleville Manufacture, 1083 ou encore Atelier Tuffery. En dehors de leur domaine d’activité commune intégrant le textile, ces entreprises françaises se sont données comme mission de relever un challenge pas des plus simples : faire du jean, un vêtement écologiquement responsable.
Car même si la conscience écologique est une réalité qui s’étend progressivement. Il ne saurait en être autrement face au péril climatique annoncé tant de fois. L’humain doit changer de cap dès maintenant. Autant dans la façon de produire que dans celle de consommer. Le jean, l’un des vêtements les plus célèbres de notre temps, fait donc aussi sa mue. Mais dans ce processus qui appelle parfois à toute une nouvelle ingénierie, la manœuvre n’est pas sans difficulté pour les acteurs.
Processus complexe
Pour les entreprises françaises évoquées, verdir le jean revient avant tout à raccourcir autant que possible son circuit de fabrication. Un leitmotiv qui doit se refléter dans chaque prise de décision. D’autant que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estimait déjà en 2014, à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres la distance que ce produit est susceptible de parcourir avant sa finition.
Chacune matière intégrant le processus de fabrication doit par conséquent provenir du pays. Ou, le cas contraire, d’un horizon relativement proche. Comme la Turquie sollicitée par bien des firmes tricolores pour son coton, à défaut d’opter pour des jeans recyclés ou upcyclés. Il ne doit cependant pas s’agir d’un coton quelconque. D’où la nécessaire certification des matières à utiliser. Tant qu’à faire des jeans éco-responsables, autant y aller jusqu’au bout.
Goulots d’étranglement
S’ensuivent l’assemblage et le découpage qui se fait généralement en France grâce à une expertise locale avérée. À l’image d’Atelier Tuffery qui s’y attèle depuis plus de 100 ans. Ce n’est pas le cas du tissage, très délicat à réaliser en France à cause d’un déficit de savoir-faire favorisé par les années de délocalisation vers l’étranger dont souffrent encore de nombreux secteurs économiques, à en croire Gilles Attaf, patron de Belleville Manufacture. Thomas Huriez de l’entreprise 1083 essaie toutefois de combler ce vide grâce à son unité de production basée dans le Drôme.
Au final, le circuit de fabrication du jean écologique en France est si long et sinueux que le prix de vente s’en ressent forcément. Avec cependant une promesse essentielle pour le consommateur : celle d’y trouver son compte.