Bataille autour de l’étiquetage du lait en France

Le géant laitier Lactalis vient de faire annuler l’obligation qui était faite depuis 2016 aux industriels du secteur de mentionner l’origine géographique de leur produit sur les emballages. Les associations de défense des consommateurs et les agriculteurs crient leur déception.

C’est une victoire importante que vient d’obtenir Lactalis grâce au Conseil d’État. Un succès au détriment du consommateur ? A priori oui, étant donné l’importance que ce dernier accorde à la question. Le géant agroalimentaire français n’est en effet plus obligé d’étiqueter ses produits laitiers selon leur origine comme c’est le cas depuis 2016. La mesure gouvernementale dont l’expérimentation devait en principe courir jusqu’à la fin de cette année est désormais arrêtée par le Conseil d’État.

Saisi aux fins de faire invalider cette mesure à laquelle Lactalis s’opposait, le juge administratif français a tranché en faveur du géant agroalimentaire. Dans son arrêt, le Conseil d’État se fonde notamment sur une décision européenne qui promeut l’étiquetage géographique des aliments sous deux conditions : d’abord qu’un fort intérêt des consommateurs pour la question soit démontré, puis que l’existence d’un lien entre l’origine géographique du produit concerné et ses propretés particulières soit avérée. Cette deuxième condition n’est pas réunie en ce qui concerne le lait, selon l’arrêt du Conseil d’État, qui fait donc sauter cette mesure de l’État.

Enjeux économiques oui, mais quid du sanitaire ?

Bien évidemment, les industriels qui le désirent peuvent continuer l’étiquetage de leurs produits laitiers. Mais la loi ne les y contraint plus. Lactalis se défend d’une mesure qui contribuait à lui faire perdre des parts de marché dans les destinations européennes où il intervient. Puisque, selon le géant de l’agroalimentaire français, nombre de pays avaient commencé à privilégier le consommer local dans le choix de leur lait, aidés par l’étiquetage géographique. C’est justement au nom de cette politique que l’État avait instauré la mesure il y a bientôt cinq ans, afin de soutenir les agriculteurs français.

Ces derniers font feu de tout bois depuis la décision du Conseil d’État, appelant notamment le gouvernement à imposer de nouveau l’étiquetage géographique. D’autant plus que les consommateurs crient leur volonté de savoir d’où provient le lait qu’ils consomment afin de soutenir, là encore, la filière locale.

Mais la problématique du consommer sûr semble absente de ce concert d’indignations. L’enjeu économique a pris le dessus de part et d’autre. Alors que l’étiquetage géographique du lait permet au consommateur de s’assurer un tant soit peu de la traçabilité du produit à acheter.

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