Des chercheurs indépendants ont ré-analysé une dizaine d’études sur les effets supposés de la consommation de viande rouge et de charcuterie sur la santé. Leurs conclusions : les risques ont été exagérés. Ils nous conseillent donc de continuer d’en manger, au même rythme. De quoi provoquer un tollé chez les organisations de lutte contre le cancer et les experts de santé publique.
La qualité des preuves est « très faible »
Et si manger de la viande rouge et de la charcuterie n’était pas si mauvais pour la santé ? Et si les lobbys de végétariens avaient « influé » sur les études réalisées jusqu’ici ? Un groupe de scientifiques indépendants, issus de sept pays, a réexaminé une dizaine d’études publiées ces dernières années sur la viande rouge et la charcuterie. Leur conclusion est sans appel : il faut continuer à manger de la viande et de la charcuterie au même rythme, c’est-à-dire trois à quatre portions par semaine en moyenne en Europe. Selon eux, le risque potentiel lié à la consommation de ces produits est faible et les preuves incertaines.».
Les multiples études publiées précédemment montrent qu’une baisse de la consommation de viande rouge pourrait abaisser la mortalité par cancer de sept morts pour mille personnes. Une proportion que les chercheurs considèrent comme trop modeste. Concernant les liens entre charcuterie, maladies cardiovasculaires et diabète, la qualité des preuves est également jugée « très faible » par l’équipe, qui a eu recours à une méthodologie baptisée « GRADE ».
« Nous livrons aux gens notre meilleure estimation de la vérité »
Avec leur nouvelle analyse, les chercheurs indépendants disent vouloir faire mûrir le domaine des recommandations nutritionnelles – qu’ils jugent représentatives d’une « vieille école ». Celle-ci serait trop axée sur les bénéfices sociétaux et non individuels. Ils préconisent d’aller dans le sens d’une médecine plus personnalisée. Les chercheurs soulignent en outre qu’il reste très difficile d’isoler l’effet d’un aliment particulier sur toute une vie car de multiples causes, autres que le régime alimentaire, peuvent influer sur la santé. « Nous livrons aux gens notre meilleure estimation de la vérité, qui est incertaine. Selon leurs propres préférences, ils peuvent décider de réduire ou d’éliminer » a déclaré Bradley Johnston, professeur associé d’épidémiologie à l’université Dalhousie au Canada, et directeur du groupe NutriRECS, qui a rédigé les consignes. « Mais notre recommandation est que, pour la plupart des gens, la meilleure approche est de continuer, étant donné la très faible réduction de risques et l’incertitude des preuves », insiste-t-il.
ONG et organisations dénoncent cette étude
Evidemment, certaines organisations de lutte contre le cancer ont dénoncé ces conclusions, estimant que, si la réduction de risque est relativement faible, l’impact peut être important au niveau d’une population. Quant à Santé Publique France, elle maintient ses recommandations de limiter la charcuterie à 150 grammes par semaine et les viandes autre que la volaille à 500 grammes. Le Centre international de recherche sur le cancer lui aussi continuera de classer la viande rouge comme « cancérogène probable » et la charcuterie « cancérogène ».