Depuis mai, la Communauté d’agglomération de la baie de Somme (Cabs) collecte des coquilles de moules auprès de restaurateurs, en vue de les transformer en carrelage ou en objets de décoration. « L’alchimie » sera réalisée par la start-up basée à Lille EtNISI, qui avait transformé en 2018 les tas de moules issus de la Braderie de Lille en dalles de carrelage.
EtNISI veut relever le défi
La communauté d’agglomération de la baie de Somme (Cabs) expérimente en ce moment un projet de revalorisation des moules notamment en mobilier urbain dans la Baie de Somme. Chaque année, ce sont plus de 550 tonnes de coquilles de moules qui finissent à la poubelle sur la côte picarde. Il serait donc judicieux de tirer parti de cette importante quantité de déchets en produisant un produit commercial. Pour réaliser cette audacieuse transformation, la Cabs a fait appel aux services d’une start-up basée à Lille : EtNISI. Cette jeune pousse avait transformé en 2018 des tas de moules issus de la braderie locale en dalles de carrelage. Elle s’est spécialisée dans la revalorisation de divers matériaux ou matières, dont le plâtre, le marc de café, les balles de tennis, les bougies…
Tout le monde y gagne
Les coquilles de moules sont collectées auprès des restaurateurs de la Baie de Somme. Selon Laurent Leblond, responsable de la collecte et du traitement des déchets à la Cabs, l’opération baptisée « Tricoquille » a déjà réuni huit restaurants de Saint-Valéry-sur-Somme. Mais à terme la Communauté d’agglomération espère en toucher trente-cinq. Depuis trois semaines la Cabs a mis des containers spéciaux à la disposition des restaurants partenaires. Une benne spécifique se charge ensuite de les collecter avant d’aller les stocker à Feuquières-en-Vimeu. Trois tonnes de coquilles de moules ont été déjà récoltées auprès de ces établissements, moyennant 153 euros la tonne. Et ces restaurants y trouveraient leurs comptes. « Nous sommes venus leur proposer de retirer ces coquilles de moules du poids de leurs poubelles. Et ce n’est pas négligeable : ça peut représenter, en fonction de la période, jusqu’à 70% des déchets de certains restaurateurs de la baie de Somme », fait savoir Laurent Leblond.
Une fois collectées, les coquilles de moules sont nettoyées et broyées pour la transformation. EtNISI y ajoute ensuite du calcaire et un liant. Grâce à ce procédé, la Cabs « envisage du carrelage, des aménagements extérieurs, et peut-être même du mobilier pour les restaurateurs qui ont participé à la collecte », selon son responsable de collectes.
La promotion d’une économie circulaire
L’opération s’inscrit évidemment dans une démarche écologique car elle représente une solution intéressante pour gérer ce type de déchets. « Avant, on était dans l’économie linéaire : on prenait de la matière première, on transformait, on consommait et on jetait. L’idée, aujourd’hui, c’est de s’inscrire dans une boucle en réutilisant des matières premières qui étaient délaissées auparavant », souligne Laurent Leblond.
Les premiers produits disponibles dès cet été
Etnisi envisage d’implanter une micro-usine de traitement des coquilles en 2020, sur le territoire de la Baie de Somme. Elle devrait permettre la création de trois emplois.
Les premiers objets en coquilles de moules de la Baie de Somme devraient être disponibles cet été dans les offices de tourisme.