Le conseil régional de Bretagne, lors de sa session de fin d’année, a définitivement appliqué son projet visant à réduire à néant l’utilisation de pesticide dans le domaine agricole. Un engagement controversé qui sonne pour beaucoup comme un objectif inatteignable.
Zéro pesticide, une barrière idyllique infranchissable ?
Si la réduction de l’usage de pesticides dans l’agriculture industrielle s’impose comme une évidence, atteindre le seuil de zéro semble être mission impossible. Pour Olivier Allain, vice-président de la Région Bretagne, en charge de l’agriculture, « parvenir à 0 % en 2040, ça paraît aujourd’hui impossible« . Par contre, baisser de plus de 95% l’usage de pesticides d’ici à 2040 est un défi totalement jouable, les produits chimiques actuels laissant peu à peu leur place à l’agrochimie.
Il ajoute que cet objectif restera quoi qu’il arrive difficile à atteindre, mais qu’il a bon espoir dans les nouvelles techniques de culture. Il précise que « les nouvelles techniques de conservation des sols, la culture simultanée de plusieurs espèces (quinze espèces de blé différentes, au lieu d’une seule), se développent. [Elles] vont permettre, à terme, de réduire considérablement l’usage de ces produits. »
Du côté de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), son président du syndicat régional, Thierry Coué, déplore un objectif « illusoire et très décourageant« . Il ajoute tout de même qu’il est possible de « tendre vers beaucoup moins de chimie de synthèse. Mais s’en passer totalement c’est, aujourd’hui, impossible. »
En attendant, le débat sur les distances d’épandage reste au cœur du problème
Cependant, cet arrêté visant à supprimer l’usage des pesticides dans l’agriculture ne résout pas tous les problèmes. En effet, le principal débat se situe aujourd’hui sur la distance d’épandage. La distance d’épandage constitue la distance minimale entre la zone de pulvérisation et les zones habitables. Un chiffre qui fait débat entre les associations écologiques et les syndicats agricoles.
L’État vient de trancher en fixant cette distance à 20 mètres. Cette mesure a été rapidement critiquée de la part des deux camps. D’un côté, la FNSEA voulait que cette distance soit réduite à 10 mètres, alors que les principales associations écologiques demandaient une distance bien plus importante.