La France empoisonnée au cadmium

Des médecins tirent la sonnette d’alarme sur la contamination massive des Français par ce métal lourd, dont le caractère cancérogène ne fait plus guère de doute.

Si vous êtes en France, vous avez sans doute l’habitude de servir des céréales comme petit déjeuner aux enfants. Ce rituel est est si ancré dans la tradition culinaire française que l’on ose à peine imaginer qu’un seul foyer n’y sacrifie pas.

Eh bien, vous devriez songer à arrêter, car cette alimentation contribue sans doute à « tuer » à petits feux votre enfant, comme en témoigne l’alerte lancée par la Conférence Nationale des Unions Régionales des Professionnels de Santé – Médecins Libéraux (CN URPS-ML).

Selon cette association de médecins libéraux, dans les aliments de consommation courante comme ces céréales, le pain, les pâtes et les pommes de terre, se cache un ennemi invisible mais non moins redoutable : le cadmium.

Il s’agit d’un métal argenté, mou et malléable utilisé dans divers produits industriels, comme les piles, les écrans de télévision, les soudures, les accumulateurs… Il est également présent dans les phosphatés servant de nutriments aux sols, notamment dans le domaine agricole.

Une véritable crise sanitaire

Problème : le cadmium est reconnu comme étant cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction. Comme le journal Le Monde s’en fait l’écho, plus de 16 000 articles scientifiques documentent aujourd’hui les effets délétères de cet élément chimique sur l’organisme humain.

Cela va des atteintes rénales, à la fragilité osseuse en passant par les troubles respiratoires, l’anémie ou encore les problèmes du système nerveux central.

La France dont l’agriculture est si dépendante des engrais – le pays est en le plus grand consommateur en Europe selon Le Monde –, notamment ceux en provenance du Maroc, se retrouve ainsi très exposée.

Les chiffres révélés par les études épidémiologiques nationales évoquent un quasi-doublement de l’imprégnation moyenne des Français en une décennie, passant de 0,29 microgrammes par gramme de créatinine en 2006-2007 à 0,57 µg/g entre 2014 et 2016.

Pascal Meyvaert, coordinateur santé-environnement des URPS-ML, qualifie la situation de « bombe sanitaire » auprès du Monde, particulièrement préoccupante pour les enfants français âgés de 6 à 10 ans.

Appel à un changement de mode alimentaire et agricole

La situation devient d’autant plus critique que les médecins établissent un lien croissant entre l’explosion des cancers du pancréas en France (multiplication par quatre en trente ans) et la contamination au cadmium.

« Il est de notre devoir d’interpeller la puissance publique afin de protéger les citoyens. L’État ne peut plus ignorer ce fléau de santé publique ! », affirme Pascal Meyvaert, déplorant que les alertes précédentes soient restées sans réponse.

Les médecins libéraux préconisent une approche globale : réduction drastique des engrais chimiques, soutien massif à l’agriculture biologique – qui présente 48% de cadmium en moins selon une méta-analyse de 340 études – et sensibilisation du public à la diversification alimentaire.

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