Le Sud électrise le monde

L’adoption des véhicules électriques progresse à une vitesse inédite dans les pays en développement, au point de dépasser plusieurs économies avancées, d’après une récente enquête de Bloomberg.

Longtemps considérée comme réservée aux nations aisées — la Norvège en tête, suivie de plusieurs pays européens et de régions riches des États-Unis —, la transition vers la mobilité électrique prend désormais un tournant inattendu dans les économies émergentes.

Au Népal, 70 % des nouvelles immatriculations concernent déjà des véhicules électriques, contre 60 % en Thaïlande et 40 % au Vietnam, des taux qui dépassent ceux de nombreuses puissances occidentales, révèle une enquête publiée le 25 septembre par Bloomberg.

« Ce phénomène représente un changement de paradigme fondamental dans la manière dont nous conceptualisons la transition énergétique mondiale« , explique Colin McKerracher, directeur du département Transports chez Bloomberg NEF.

En Afrique aussi, la dynamique s’accélère. L’Éthiopie a banni l’importation de voitures à moteur thermique, tandis qu’au Nigeria, la fin des subventions sur l’essence a favorisé à la fois le développement du solaire et l’essor des véhicules électriques. Le Kenya voit, pour sa part, se structurer un écosystème dédié aux deux et trois‑roues électriques.

Quand la Chine joue les trouble-fêtes

Au cœur de cette transformation se trouve la Chine, devenue en quelques années l’épicentre incontesté de la révolution électrique automobile.

Selon McKerracher, plus de la moitié des voitures neuves vendues sur le marché chinois sont désormais électriques ou hybrides rechargeables. Le dernier trimestre 2025 devrait marquer un tournant historique, avec le dépassement du nombre de véhicules électriques écoulés aux États‑Unis, tous types confondus, par celui de la Chine.

Cette domination chinoise s’étend bien au-delà de ses frontières. Le pays est devenu premier exportateur mondial, dépassant d’abord l’Allemagne puis le Japon. Les marques chinoises, autrefois dénigrées pour la qualité de leurs véhicules, proposent aujourd’hui des modèles électriques performants qui envahissent les marchés émergents, malgré les hausses de droits de douane décrétées par certains pays occidentaux.

De quoi rendre ces derniers nerveux. Ils déplorent en effet une perte de compétitivité industrielle face à l’expansion fulgurante de l’Empire du Milieu sur le marché mondial.

L’économie comme principal moteur

« Si vous observez les marchés où l’adoption des VE progresse le plus rapidement, ce sont invariablement ceux où les véhicules chinois font partie de l’équation. Ils stimulent la concurrence, font baisser les coûts pour les consommateurs et élargissent l’offre disponible », appuie McKerracher.

À la différence des premiers mouvements d’adoption observés en Occident, généralement portés par des préoccupations écologiques ou encouragés par des aides publiques, le succès spectaculaire des véhicules électriques dans les pays émergents répond avant tout à une logique de prix, à en croire Bloomberg.

Autant dire que l’innovation technologique et les économies d’échelle peuvent transformer rapidement des marchés entiers.

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