Purées de foie et os à mâcher : bienvenue chez les « bébés carnivores »

Une tendance a vu le jour aux États-Unis où des parents nourrissent désormais leurs bébés et tout-petits uniquement (ou presque) avec de la viande et des produits animaux, au grand dam des professionnels de santé qui alertent sur les risques nutritionnels d’une telle approche.

Oubliez les purées de légumes colorées et les compotes de fruits traditionnelles. Voici venu le temps du jaune d’œuf cru, du foie de poulet mixé et des sucettes glacées au bouillon d’os. Une nouvelle tendance diététique émerge aux États-Unis : le régime « bébés carnivores ».

Cette approche nutritionnelle consiste à nourrir les nourrissons et jeunes enfants exclusivement avec des produits d’origine animale, en abandonnant complètement les aliments traditionnels pour bébés. Les défenseurs de cette méthode y voient un retour aux pratiques alimentaires ancestrales.

« L’Amérique a un gros problème avec la malbouffe ultra-transformée, et les bébés carnivores représentent la façon originale dont les humains nourrissaient leurs bébés il y a 100 ans, 500 ans, 5 000 ans« , explique le Dr Ken Berry, médecin de famille certifié du Tennessee qui se présente comme créateur du concept « Proper Human Diet » (Régime Humain Approprié), dans une récente interview sur Fox News.

Des pratiques alimentaires surprenantes

Selon ce médecin et ses adeptes, dont les pratiques ont été récemment documentées par le Wall Street Journal (WSJ), cette philosophie s’appuie sur l’idée que les premiers aliments donnés aux bébés, une fois le sevrage maternel amorcé, étaient exclusivement carnés.

Les témoignages rapportent des enfants de quelques mois seulement qui, malgré leurs quatre dents, « mâchonnent » des côtes de bœuf et des os d’agneau pour en extraire les tissus conjonctifs et les résidus de viande.

La richesse de la viande en acides aminés essentiels, les vitamines du groupe B, les minéraux comme le fer et le zinc, ainsi que sa biodisponibilité supérieure comparée aux sources végétales, sont mis en avant comme des bénéfices nutritionnels supposés.

La préservation de la sensibilité à l’insuline et l’établissement d’une « trajectoire métabolique saine pour la vie », sont également évoquées. « Quand on compare la nutrition dans la viande à celle des légumes, les légumes perdent toujours. Les jeunes enfants n’aiment jamais les légumes« , affirme Ken Berry.

Inquiétudes de la communauté médicale

Face à cette tendance qui s’accompagne même de forums dédiés sur Facebook – comme « Carnivore Motherhood » avec plus de 10 000 membres –, les pédiatres expriment de vives inquiétudes.

Mark Corkins, gastro-entérologue pédiatrique à l’Université du Tennessee et président du comité nutrition de l’Académie américaine de pédiatrie, rappelle dans le WSJ que les jeunes enfants ont besoin de vitamine C, essentielle au développement du cartilage et des tissus conjonctifs, ainsi que de fibres, cruciales pour la digestion et le bon fonctionnement du microbiome intestinal.

Or, ces nutriments sont peu présents dans les régimes riches en viande. Les critiques pointent également l’influence des « stars des réseaux sociaux » dans la propagation de cette tendance et s’inquiètent que des parents adoptent ces pratiques sans supervision médicale appropriée.

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