Cette consigne pourtant connue de tous ou presque, se heurte à différents obstacles en France, faisant de son suivi une véritable gageure.
Il y a des énoncés si populaires que l’on finit par les intégrer à son subconscient. C’est le cas de la recommandation qui veut que l’on consomme « cinq fruits et légumes par jour ». Répétée aux enfants dès le plus jeune âge, elle a fini par être intégrée par tout le monde.
Mais son suivi reste décevant en France, d’après le dernier baromètre de Santé publique France (SPF), dont les résultats publiés mardi 29 avril figurent dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
L’enquête menée en 2021 auprès de plus de 24 000 adultes âgés de 18 à 85 ans montre que seulement 24% des femmes et 18% des hommes consomment les cinq portions quotidiennes recommandées.
Les hommes sont particulièrement concernés, avec deux sur trois d’entre eux considérés comme de petits consommateurs. C’est-à-dire qu’ils mangent moins de 3,5 portions par jour. L’âge se révèle également être un facteur de disparité. En effet, si 30% des 65-74 ans respectent la recommandation, ce chiffre chute à seulement 17% chez les 18-24 ans.
Des inégalités sociales et territoriales profondes
Les recherches mettent en exergue des facteurs socio-économiques, comme le niveau d’études. En effet, plus l’individu a de diplômes, plus il est enclin à respecter la recommandation nutritionnelle. Il en est de même de la structure familiale.
Ainsi, les familles monoparentales et les couples avec enfants ont plus de difficultés à suivre les recommandations que les couples sans enfant. Sur le plan géographique, les Hauts-de-France, la Normandie et les départements et régions d’outre-mer présentent les taux les plus faibles de suivi des recommandations comparativement à la moyenne nationale.
À l’inverse, l’Île-de-France et la Nouvelle-Aquitaine présentent les taux les plus élevés. À l’origine du peu de suivi de cette consigne figurent plusieurs obstacles, dont le coût élevé, particulièrement pour les produits frais, le temps de préparation nécessaire, le goût parfois peu apprécié par certaines populations et la perception qu’ils sont moins « nourrissants » que d’autres aliments.
Pour une politique publique plus ambitieuse
Ces enseignements précieux mettent en lumière un problème de santé publique majeur, aux conséquences potentiellement graves. Selon les données rapportées dans l’étude, l’alimentation est l’un des principaux facteurs de risque de mortalité dans le monde, responsable d’environ un décès sur cinq.
L’apport insuffisant en fruits et légumes causerait à lui seul 14% de la mortalité par cancers gastro-intestinaux, 11% de la mortalité par maladies ischémiques et 9% par accidents cardiovasculaires. Une alimentation pauvre en céréales complètes, fruits et légumes, fruits à coques, poissons, et riche en produits salés est associée à un peu plus de 10 millions de décès par an dans le monde.
Au regard de ce tableau, les chercheurs optent désormais pour une approche de sensibilisation progressive. « D’où que vous partiez, l’idée est de dire ‘Un petit peu plus, c’est mieux‘ », explique au Monde, Valérie Deschamps, co-autrice de l’étude et chargée d’expertises scientifiques à Santé publique France.
« La connaissance des recommandations est donc bien un facteur associé du comportement alimentaire, mais il est nécessaire, en particulier pour les populations les moins favorisées, de renforcer les actions encourageant la consommation« , précisent les auteurs.