La poudre de thé vert originaire du Japon fait face à une demande mondiale croissante de plus en plus difficile à satisfaire.
Jusqu’à quand les Parisiens pourront-ils encore profiter du matcha ? La question mérite d’être posée alors que cette fine poudre de thé vert japonais est chaque jour un peu plus difficile à trouver dans les cafés, magasins et autres stands dédiés dans la capitale française.
Du Palais Garnier à la rue Sainte-Anne, en passant par les différentes adresses parisiennes du Shodai Matcha, un récent reportage du journal Le Monde consacré au sujet note, chaque fois, une forte augmentation de la demande. Le phénomène touche même les plateformes de vente en ligne.
Conséquence : l’approvisionnement devient un véritable chemin de croix, y compris depuis le Japon. À cet effet, Ippodo, décrit par le quotidien du soir comme l’un des producteurs les plus réputés de Kyoto, a ainsi pris en décembre 2024 la décision radicale de limiter les commandes à un seul produit par client, toujours selon Le Monde.
« Avant, nous passions nos commandes tous les mois pour servir nos 300 clients quotidiens. Aujourd’hui, le délai de livraison s’étend sur deux à trois mois« , témoigne de son côté Zhu, cofondatrice du café Creamy Daily.
Un engouement planétaire amplifié par le net
Comment expliquer un tel engouement pour cette poudre obtenue par broyage des feuilles de thé vert nommées « tencha » ? La réponse tient aussi bien à ses bienfaits présumés pour l’organisme qu’à sa popularisation à travers les réseaux sociaux.
Introduit au Japon après son bannissement dans sa Chine d’origine au 14e siècle, le matcha est riche en antioxydants, en particulier les catéchines et l’EGCG, des substances naturellement présentes dans le thé vert. De quoi aider à prévenir les effets du vieillissement, entre autres.
Il contient également de la caféine – c’est une alternative plus saine au café – et de la théanine, deux substances pouvant permettre d’améliorer la concentration et la relaxation. Ces atouts ne seraient toutefois pas autant vantés sans l’intervention d’Internet.
Le défi de la transmission d’un savoir-faire ancestral
Ainsi, le matcha n’a pas seulement envahi les cafés ou est devenu un des principaux éléments de coloration de certains aliments (nouilles soba, glaces, lattes, pâtisseries…), il s’est également invité sur le web via les fils Instagram en l’occurrence.
Le hashtag (#matcha) dédié, sur ce réseau social, cumulerait à en croire Le Monde, plus de 8,6 millions de publications. Sans oublier les innombrables vidéos TikTok sur son esthétique photogénique ou évoquant les possibilités de sa préparation.
Si la pénurie menace, c’est aussi parce que la production du matcha reste un art délicat qui ne s’improvise pas. Elle nécessite toute une main-d’œuvre experte de moins en moins disponible au Japon, pays frappé par le vieillissement de sa population.
L’agriculture connaît par ailleurs un exode marqué par près de 200 000 départs entre 2020 et 2023, d’après les chiffres gouvernementaux rapportés par Le Monde.