Perrier : la fin d’une bulle ?

Diverses conclusions recommandent le retrait du label d' »eau minérale naturelle » à la célèbre eau pétillante en bouteille verte exploitée par Nestlé dans le Gard, après des cas de contaminations découverts à la source.

L’eau pétillante la plus emblématique de France traverse une crise sans précédent. Perrier, fleuron national acquis par Nestlé, pourrait prochainement perdre son précieux label d' »eau minérale naturelle », attribué à la source située à Vergèze, dans le Gard, en 1863.

Autant dire que plus d’un siècle de prestige risque de s’envoler. C’est au préfet Jérôme Bonet qu’il revient désormais de trancher. Mais les perspectives ne sont pas très favorables alors que de nouvelles contaminations bactériologiques viennent d’être découvertes à la source.

Selon une note de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Occitanie, transmise mi-avril à la préfecture et consultée par Le Monde et Radio France, des bactéries pathogènes de l’intestin, dont les Escherichia coli ou E. coli – pouvant causer des infections gastro-intestinales, des infections urinaires et même des pneumonies –, ont été retrouvées dans des bouteilles produites les 10 et 11 mars.

De quoi entraîner l’arrêt d’une ligne de production et le blocage de 369 palettes, soit environ 300 000 bouteilles de 75 centilitres.

Des « non-conformités bactériologiques »

Ce n’est pas la première fois que Nestlé fait face à de tels incidents. En avril 2024, le groupe suisse empêtré dans un scandale d’utilisation de traitements interdits – filtres UV, charbons actifs et microfiltration – contre des contaminations sur certains de ses puits, avait déjà dû détruire quelque trois millions de bouteilles de Perrier suite à une pollution par des bactéries d’origine fécale.

Une contamination alors décrite comme un' »événement ponctuel » lié à des pluies intenses par le géant de l’agroalimentaire. Cette fois-ci, il invoque d’après Le Monde, « une intervention technique ayant causé une anomalie ».

Reste que les contrôles réalisés par l’ARS le 10 avril 2025 semblent contredire cette version, toujours selon le quotidien du soir. Celui-ci évoque des détections de « non-conformités bactériologiques » non seulement sur des lignes d’embouteillage, mais également sur des forages, suggérant une contamination à la source même.

Entre le drame sanitaire et le péril social

De fait, 1 018 palettes supplémentaires, soit plus de 827 000 bouteilles, sont désormais concernées et bloquées dans l’attente de nouvelles analyses. Dans le cadre des éclairages scientifiques nécessaires à la prise de décision du préfet, des hydrogéologues indiquent que la « pureté originelle » de tous les forages de Vergèze n’est plus garantie.

D’autant que, selon eux, le système de microfiltration autorisé au mépris de toute disposition légale par l’Élysée, avait pour but de désinfecter une eau polluée. Une pratique formellement interdite pour une eau minérale dite naturelle.

Face à cette situation critique, les élus locaux s’inquiètent des « conséquences socio-économiques désastreuses » que pourrait entraîner la fin de Perrier en tant qu’eau minérale naturelle. « Vergèze sans Perrier ne serait pas ce Vergèze-là », indiquait un habitant de 78 ans en février dernier dans un reportage du Monde, alors que l’usine de cette ville de 5000 habitants, emploie environ un millier de personnes.

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