Valentyn Frechka, un Ukrainien de 23 ans installé en France depuis deux ans, transforme les feuilles mortes en papier gr$ace à une technologie qu’il a mise en place. Pour cette invention, le jeune homme a reçu le deuxième prix dans la catégorie Jeune inventeur 2024 de l’Office européen des brevets (OEB).
Utiliser des feuilles mortes pour fabriquer des emballages et sacs papiers ? C’est ce que propose Valentyn Frechka, un Ukrainien de 23 ans installé en France depuis 2022. Pour cette initiative, il vient de remporter la deuxième place dans la catégorie Jeune inventeur 2024 de l’Office européen des brevets (OEB).
Comment fabriquer du papier à partir de feuilles mortes ?
Sa technologie brevetée consiste à produire de la pâte à papier à partir de la cellulose des feuilles mortes. Son aventure a débuté en Ukraine, quand il avait 16 ans. En tant que jeune engagé pour la planète, Valentyn Frechka se demandait par quel moyen on pouvait fabriquer du papier sans devoir couper du bois. En 2017, un jour qu’il se trouvait dans un parc planté de vieux chênes, ce passionné de biochimie contempla des feuilles qui tombaient des arbres.
Mise au point d’un procédé « thermomécanique »
Une idée lui a alors traversé l’esprit. « Eureka », il l’avait trouvé. Pourquoi ne pas utiliser ces feuilles, qui contiennent de la cellulose, la matière principale du papier, pour fabriquer des sacs et emballages ? Aidé de sa professeure de chimie, il a mis en place un procédé « thermomécanique » de traitement des feuilles mortes et d’élimination des impuretés. Après quelques échecs, il a mis au point un premier prototype en 2018 dans le laboratoire de son école.
Le projet a reçu plusieurs récompenses
Motivé par ce bon résultat, Valentyn Frechka expose alors son invention au public à travers le monde. Le projet séduit et le jeune homme remporte une compétition nationale, puis des médailles aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique. Il reçoit même une récompense du WWF. Grâce aux fonds reçus ici et là, Valentyn créé en 2020 la société Releaf Paper. La startup produit de la pulpe à partir des feuilles de Kiev, mais elle vend aussi du papier via des papèteries ukrainiennes.
Une technique peaufinée en France
Et tout marchait comme sur des roulettes, jusqu’à ce qu’éclate la guerre de la Russie contre son pays. Il quitte alors l’Ukraine pour s’établir en France, où il affine son procédé à l’Ecole internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux (INP-Pagora) de Grenoble (Isère). Cette méthode débute par le nettoyage minutieux des feuilles mortes et se poursuit par leur traitement « thermo-mécanique ». Celui-ci implique un broyage et un ramollissement à vapeur haute pression.
Releaf Paper mélange ses fibres à celles du papier recyclé
Le traitement « thermo-mécanique » permet d’isoler plus facilement les fibres, pour produire une pâte semblable à de la pâte de bois. Comme ces fibres issues de la pulpe sont courtes, Releaf Paper les mélange à du papier recyclé, qui apporte des fibres longues. La société précise qu’elle utilise uniquement de l’eau, et pas de produit chimique. Sa technique permet de produire une tonne de cellulose à partir de 2,3 tonnes de feuilles mortes, évitant ainsi l’abattage de 17 arbres.
L’Oréal, Weleda, Logitech parmi les premiers clients
La petite équipe de 20 personnes de Releaf Paper se trouve actuellement Station F, un campus à la halle Freyssinet accueillant plusieurs start-ups. Mais 5 employés continuent de faire tourner l’entreprise à Kiev. C’est une façon pour Valentyn Frechka de contribuer à l’économie de son pays et à l’effort de guerre contre la Russie. La startup ukrainienne compte déjà parmi ces clients, des géants comme L’Oréal, Weleda, Logitechn qui ont commandé des cartons, sacs et carnets.
Une usine-pilote bientôt inaugurée
Son papier à base de feuilles mortes coûte malheureusement plus cher que du papier recyclé (jusqu’à 30% plus cher). Mais Valentyn Frechka a bon espoir qu’avec l’essor de la production, les prix baisseront. Justement, grâce à un soutien européen de 2,5 millions d’euros, son entreprise inaugurera bientôt une usine-pilote aux Mureaux (Yvelines). Ce site traitera 5.000 tonnes de pulpe par an. Releaf Paper a déjà trouvé un accord avec la Ville de Paris pour obtenir 25.000 tonnes annuelles.