Même s’il en existe sous différents aspects, le piment est généralement reconnaissable à sa saveur brûlante sur les lèvres. Cette sensation difficile à supporter reste toutefois très appréciée. Comment expliquer un tel rapport au piment ?
C’est l’un des plus vieux paradoxes du monde à bien des égards. Très peu de personnes sourient quand elles mangent du piment. La sensation provoquée par ce condiment reste la même chaque fois : à savoir une brûlure intense de toute la bouche, à commencer par la langue. Un repas trop pimenté est même susceptible de provoquer chez celui qui en consomme, d’énormes maux de tête, des convulsions et des nausées. À l’image de l’épisode malheureux vécu en 2018 par un trentenaire américain après avoir abusé du Carolina Reaper, connu comme étant l’un des plus forts piments au monde.
Et pourtant, les humains restent très attachés au piment. Certaines contrées le sont même davantage que d’autres. C’est le cas de l’Afrique où rares sont les repas qui y échappent. Pareil en Occident où des nations comme la Turquie ou le Mexique sont à une consommation de plus de 50 grammes par jour, à en croire des statistiques datées de 2019 de BBC. Dans ce dernier pays, la consommation du piment est associée à une certaine virilité. La production mondiale de ce fruit du Capsicum (nom générique du piment) est même en constante hausse depuis plusieurs années.
Rapport aigre-doux
Ce rapport aigre-doux entretenu par les humains avec le piment tient d’abord selon le biologiste Paul W. Sherman, à ce besoin quasi universel de manger sain peu importe la nourriture. En effet, l’acte de cuisine qui précède la consommation de la plupart des aliments obéit à un seul et même souci : faire en sorte de débarrasser lesdits aliments de ses impropriétés, les microbes en l’occurrence. Et à cet égard, le piment constitue un des meilleurs alliés de la cuisine en raison de sa nature à la fois antibactérienne et antifongique par excellence.
Une autre tentative d’explication du rapport humain aux piments concerne le rôle joué par ces derniers dans les repas. À l’instar des autres épices, du sucre ou du sel, la présence du piment dans un plat en modifie la saveur du tout ou rien. S’en priver revient donc à manger des nourritures fades, même si le piment est resté longtemps inconnu de la population européenne, selon l’anthropologue alimentaire Kaori O’Connor cité par BBC.
D’où la conversion de la cuisine au piment, quitte à souffler pendant plusieurs maintenant après sa consommation.