Lay’s et Tostitos, les deux marques emblématiques de chips du géant agroalimentaire, passent au naturel pour répondre aux inquiétudes croissantes de certains consommateurs américains. Reste à voir si ceux-ci sont prêts à en payer le prix.
« Nous essayons d’élever la perception d’aliment authentique de Lay’s. Si vous réfléchissez au snack le plus simple et naturel, c’est une chips : une pomme de terre, de l’huile, et un peu de sel, le plus simple, sans ingrédients artificiels« .
Le PDG de PepsiCo, Ramon Laguarta, n’aurait pas pu mieux résumer les ambitions de l’entreprise derrière la refonte annoncée, jeudi 17 juillet, de ses produits Lay’s et Tostitos. Les deux marques de chips (la première à la pomme de terre et le second au maïs) seront en effet débarrassées de tout colorant et arôme artificiel.
L’entreprise a également décidé d’étendre l’utilisation d’huiles d’avocat et d’olive, remplaçant progressivement les huiles de canola et de soja. Elle propose déjà des versions sans colorants de Lay’s et Doritos sous sa gamme Simply.
Cette décision stratégique, dévoilée lors d’une conférence avec les investisseurs, marque un tournant dans l’approche de PepsiCo face aux nouvelles exigences des consommateurs américains et des autorités.
Une pression croisée
Le nouveau secrétaire à la Santé Robert F. Kennedy Jr. pressé par le président Donald Trump, s’est en effet donné pour mission de faire abandonner les colorants artificiels par les industriels américains avant la fin de son mandat, selon un mail révélé par Reuters en mars dernier.
Cette décision, qui s’inscrit dans la stratégie de l’administration fédérale pour lutter contre les maladies chroniques en réformant le régime alimentaire américain, s’appuie sur le mouvement « Make America Healthy Again » (MAHA), une déclinaison du « Make America Great Again » (MAGA) de Trump.
Le slogan, popularisé en août 2024 par Robert F. Kennedy Jr., promeut une « santé par l’alimentation et l’environnement » en exerçant notamment un intense lobbying sur les industriels de l’agroalimentaire, même si son positionnement anti-vaccin reste problématique.
Le défi économique d’une alimentation plus saine
Cette transformation soulève une question cruciale : les consommateurs sont-ils prêts à payer davantage pour des produits plus sains ? « Il faudra voir comment ils réagissent à une refonte de Lay’s et Tostitos au cours des prochains trimestres », indique Christian Greiner, gestionnaire de portefeuille senior chez F/m Investments, interrogé par Reuters.
De cette réponse dépendra en effet la portée à long terme de ce nouvel engagement de PepsiCo, d’autant que l’industrie alimentaire traverse une période délicate marquée par une désaffection des consommateurs pour les snacks.
La consommation de snacks salés a ainsi diminué de 1,2 % au cours de l’année écoulée, selon le Financial Times, citant des données de paiement provenant du cabinet NielsenIQ. Cela s’explique par un pouvoir d’achat limité, mais également par l’adoption massive par les Américains des traitements anti-obésité tels que l’Ozempic, d’après les observateurs.