Le sucre, nouvel ingrédient de la discrimination sociale ?

Une nouvelle étude réalisée en France lève le voile sur le rapport pernicieux entre le coût des aliments et leur forte teneur en sucre.

Un adage bien connu suggère que « lorsque c’est gratuit, vous êtes probablement le produit ». Une allusion au modèle économique de nombreuses entreprises proposant des services vantés comme sans frais ou économes. Le cas du secteur alimentaire qui nous préoccupe ici est particulièrement vrai.

C’est en tout cas ce que la récente étude de l’ONG Foodwatch dans les rayons des grandes surfaces en France démontre à travers un constat à la fois saisissant et menaçant pour la santé des consommateurs : les produits les moins chers sont systématiquement plus sucrés que leurs équivalents haut de gamme.

L’enquête portant sur 463 références passées au crible dans douze catégories de produits différents, allant du pain de mie à la pizza, en passant par le guacamole ou encore les biscottes, dévoile une corrélation préoccupante entre prix bas et taux de sucre élevé.

Des écarts de teneur particulièrement alarmants

« Pour se mettre à hauteur de consommateur, nous avons choisi des articles dont tout le monde ne sait pas forcément qu’ils contiennent du sucre », explique Audrey Morice, chargée de campagne chez Foodwatch, au journal Parisien, dont les colonnes rapportent les résultats de la démarche en exclusivité ce mercredi 15 janvier.

Des écarts de teneur en sucre souvent spectaculaires ont été notés dans nombre de produits selon leur ordre de prix. Les mayonnaises dites de premier prix contiennent ainsi jusqu’à 417% de sucre en plus que les versions premium, tandis que les pizzas surgelées économiques affichent 183% de sucre supplémentaire.

Quant aux petits pois en conserve bas de gamme, ils présentent 43% de sucre en plus que leurs homologues davantage onéreux. Cette tendance se vérifie presque instantanément à travers toutes les catégories étudiées par l’association de protection des consommateurs.

« Dans toutes les catégories examinées, les cinq produits les moins chers contiennent en moyenne nettement plus de sucre que les cinq produits les plus chers », relève Audrey Morice.

Les consommateurs modestes, victimes d’un système à deux vitesses

Un constat d’autant plus accablant que le sucre réputé être un des ingrédients les moins coûteux, intervient massivement auprès des industriels et des enseignes de la grande distribution comme un exhausteur de goût.

« On sait que le sucre est mauvais pour la santé, cela ne fait plus débat, note Audrey Morice. Mais le discours ambiant consiste à rendre le consommateur responsable de la façon dont il s’alimente. Or, un parent solo ou un étudiant avec un budget réduit, achètent ce qu’ils peuvent acheter », pointe Foodwatch, qui dénonce d’après Le Parisien, un « marché à deux vitesses », « biaisé et discriminant ».

Face à ces révélations embarrassantes, Carrefour met en avant son programme visant à retirer 2600 tonnes de sucre de ses produits d’ici 2026. De son côté, la Coopérative U assume ouvertement cette différence qualitative attribuée aux contraintes économiques.

L’ONG a lancé à son tour une pétition exigeant des enseignes qu’elles retravaillent leurs recettes pour réduire la teneur en sucre de leurs produits premiers prix.

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