Une étude réalisée en Amazonie brésilienne suggère que la culture du palmier à huile pourrait devenir profitable pour l’environnement et les paysans si elle était conciliée avec l’agroforesterie. Mais, pour une adoption large et efficace de ce système mixte, elle précise qu’il faudra adapter quelques contraintes.
Extraite du palmier à huile, une plante tropicale, l’huile de palme rentre dans la composition de nombreux produits que nous consommons ou utilisons au quotidien. Par exemple les barres chocolatées, les pains, les shampoings, les détergents, les dentifrices et l’huile pour la friture. Elle sert également de biocarburants de nos jours.
La culture du palmier à huile nuit à l’environnement et ne profite pas aux paysans
Alors que sa consommation ne cesse d’augmenter, cette huile représente aujourd’hui un véritable problème pour l’environnement car responsable de la déforestation en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Aussi, sa culture ne profite réellement pas aux paysans, alors que les agro-industriels, qui signent des contrats de long terme avec les producteurs, ne cessent de s’enrichir. Ce qui pousse de nombreux agriculteurs à se détourner de la culture du palmier à huile.
Une nouvelle étude s’interesse à l’apport de l’agroforesterie
Mais, l’huile de palme ne peut-elle pas profiter à l’environnement et aux petits exploitants agricoles avec un peu d’imagination ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre une récente étude menée par des chercheurs du Centre de recherche forestière internationale et du Centre International de Recherche en agroforesterie (CIFOR-ICRAF) ainsi que des institutions partenaires. Cette nouvelle étude a été publiée dans la revue scientifique World Development Sustainability et relayée par Forests News. Elle analyse les implications de l’adoption de l’agroforesterie de palmiers en Amazonie orientale brésilienne.
Les petits exploitants utilisent déjà des mosaïques de systèmes agroforestiers aux côtés de cultures de rente
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont enquêté auprès de 198 petits exploitants de l’État de Pará, à Tomé-Açu (Brésil) afin de comprendre comment l’agroforesterie à base de palmier à huile pourrait améliorer les moyens de subsistance des paysans tout en préservant la nature. Ils ont constaté que la plupart des agriculteurs interrogés utilisaient des mosaïques de systèmes agroforestiers aux côtés de cultures de rente telles que le cacao et le manioc. Ces exploitations se trouvent au cœur des parcelles de forêt en régénération et conservée.
Mais, ils restent réticents à intégrer le palmier à huile
Peu de producteurs avaient choisi de planter des palmiers à huile malgré leur très fort potentiel pour garantir des revenus. En effet, au Brésil, les moulins à huile de palme offrent des contrats de 25 ans avec à la clé la fourniture d’intrants, une assistance technique et des financements. Malgré ces avantages, la plupart des planteurs de l’État de Pará sont réticents à investir une grande partie de leurs terres et de leur travail dans cette culture qu’ils considèrent comme appauvrissant les sols et concurrençant d’autres plants.
Possibilité d’intégrer la culture d’huile de palme en intercalaire dans des systèmes agroforestiers
Pour rendre le palmier à huile plus attrayant, les chercheurs ont exploré la possibilité de l’intégrer en intercalaire dans des systèmes agroforestiers. Ils y ont vu des profits à la fois pour les paysans et pour l’environnement. En effet, les petits exploitants pourraient percevoir de confortables revenus, en même temps que la nature continuera de prospérer. Comme c’est le cas avec le cacao, une autre culture de rente. Les auteurs de l’étude soulignent toutefois qu’il faudra opérer quelques ajustements pour une adoption plus large et efficace du palmier à huile.
Il faudra prendre en compte la disponibilité de la main-d’œuvre et la taille des terres agricoles
L’adoption généralisée de la culture du palmier à huile nécessiterait d’adapter les systèmes de production et les accords avec les moulins afin de refléter les objectifs des paysans et leurs diverses stratégies de subsistance. Par exemple, il faudrait prendre en compte la disponibilité de la main-d’œuvre, la taille des terres agricoles et les préférences en matière de culture.
Quant aux agro-industriels, ils ont intérêt à soutenir cette initiative, alors qu’ils font face à de nombreuses critiques d’ONG environnementales. Ferrero, le mastodonte italien de l’agroalimentaire, a notamment été la cible d’une campagne de bashing, il y a quelques années. Il a dû modifier sa politique d’approvisionnement de l’huile de palme.