France : chute inquiétante de la consommation des jus de fruits

Le pays de la pomme, de la poire, de l’abricot et de la fraise connaît depuis quelques années une forte désaffection pour les jus de fruits, au détriment de la santé des Français.

Les jus de fruits sont de moins en moins présents à la table des Français. C’est ce que révèle une information de BFMTV, qui estime la consommation à moins de 15 litres par an et par personne aujourd’hui, contre 20 litres en 2015.

Cette chute de 30% en une décennie témoigne-t-elle d’un changement de mode de consommation ? Toujours est-il que les raisons de cette désaffection varient selon les personnes, comme le montrent plusieurs témoignages recueillis par BFMTV.

« Je n’en bois pas du tout, non. Parce qu’il y a beaucoup de sucre », confie une consommatrice. « Moi, je suis soda et bière, ouais. Essentiellement« , assume sans détour un autre. Une franchise brutale qui résume l’évolution des préférences françaises.

Même ceux qui en consomment encore soulignent le caractère exceptionnel de cette consommation : « J’en prends environ une fois toutes les deux semaines. Enfin, c’est assez occasionnel », précise ainsi un autre témoin.

La guerre réglementaire en cause ?

Cette débâcle, déjà dénoncée par l’Union interprofessionnelle des jus de fruits (Unijus) en février dernier, résulte selon les professionnels du secteur d’une bataille réglementaire où les jus de fruits ont été les grands perdants.

« On a été classés dans les produits de boisson sucrée, alors que nous sommes justement des boissons naturelles dans lesquelles on a interdiction de rajouter du sucre« , dénonce Emmanuel Vesseneix, président de l’Unijus. Cette classification administrative aurait créé une distorsion de concurrence particulièrement cruelle.

« On a entendu des discours consistant à dire qu’un verre de jus de fruits équivalait à un verre de soda, en raison de leur teneur en sucre« , souligne Florence Frappa, directrice générale du groupe allemand Eckes-Granini, connu pour son jus « Joker », dans les colonnes du Parisien.

Soumis à des directives « extrêmement strictes » comme le Nutri-Score par exemple, les jus de fruits se sont retrouvés désavantagés face à « d’autres produits qui n’ont pas ces contraintes réglementaires et qui ont pu adapter leurs formules », d’après Vesseneix.

Le prix d’une déficience collective

« Or, boire un verre de jus d’orange, qui contient des minéraux, des vitamines C et B, le matin au petit-déjeuner, n’a rien à voir avec l’absorption d’un litre de soda à 16 heures« , s’insurge-t-il, soulignant les bénéfices nutritionnels des jus de fruits.

Plus inquiétant encore, l’abandon du jus de fruits menace l’équilibre nutritionnel des Français. « Si on supprime le jus de fruits, le pur jus de fruits de l’alimentation des Français, eh bien, nous sommes tous déficients en vitamine C », alerte la nutritionniste Béatrice De Reynal.

À un moment où les enjeux de santé publique n’ont jamais été aussi cruciaux, les acteurs du secteur se mobilisent. L’Unijus souhaite que boire un verre de jus d’orange soit considéré comme équivalent à manger une orange dans les recommandations officielles de santé publique.

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